"Le pays a besoin de soutien", a expliqué le président ivoirienAlassane Ouattara, vendredi matin sur Europe 1, quelques heures avant de rejoindre le sommet du G8 à Deauville. "Il faut faire sortir la Côte d'Ivoire de cette longue période d'agonie économique et réconcilier les Ivoiriens, il y a un prix à payer. Je compte sur le G8 pour le faire dans le cadre d'un partenariat", a-t-il détaillé.
Pour cela, "la Côte d'Ivoire a besoin de 15 à 20 milliards d'euros pour les cinq prochaines années", a précisé Alassane Ouattara, avant d'ajouter : "le président Nicolas Sarkozy a prévu un programme de désendettement de 2 milliards d'euros, bien sûr je demanderai un peu plus au président Obama".
"La Côte d'Ivoire peut être un exemple" démocratique
"La Côte d'Ivoire peut être un exemple en matière de démocratie et des droits de l'Homme", a poursuivi Alassane Ouattara, qui a mis en place une Commission Dialogue, vérité et réconciliation. "Il faut qu'il y ait un dialogue et à l'issue de cela, tout comportement pouvant être pardonné le sera. Mais les crimes de sang seront punis", a-t-il poursuivi, avant de promettre : "réconciliation mais justice. La procédure judiciaire doit suivre son cours".
"La Côte d'Ivoire doit sortir de l'impunité, (...) elle peut être un exemple et nous allons mettre en œuvre des mesures fortes", a-t-il expliqué :
Ouattara : "besoin de 15 à 20 mds d'euros"par Europe1fr"Tous les responsables seront jugés sans distinction", a-t-il promis à propos des auteurs des violences meurtrières qui ont touché la Côte d'Ivoire après le second tour de l'élection présidentielle. "Quels qu'ils soient, où qu'ils soient, qu'ils soient de mon bord ou de celui de Laurent Gbagbo, nul ne sera au-dessus de la loi", a-t-il précisé, évoquant les personnes responsables de violences, y compris dans le camp pro-Ouattara.
"Nous ne sommes pas totalement équipés pour assurer tous les jugements. Tout ce qui a trait à la corruption, atteinte à la sûreté de l'Etat, forfaiture sera jugé par les tribunaux ivoiriens. Les crimes de sang, crimes de guerre et crimes contre l'humanité seront jugés par la Cour Pénale Internationale (CPI)", a poursuivi le président ivoirien.
Laurent Gbagbo aura du mal à "échapper à la prison"
"Laurent Gbagbo est un criminel, toute cette violence a été provoquée par Laurent Gbagbo et sa femme. La Côte d'Ivoire est dans un état clinique, il faut absolument guérir ce pays", a affirmé Alassane Ouattara. "Le juge décidera mais à mon avis il y a tellement d'éléments accablants qu'il lui sera difficile d'échapper à la prison", a-t-il poursuivi, précisant qu'"il a déjà tous les droits pour sa défense, ses avocats étaient avec lui hier, et cela continuera".
Quelles relations avec la France ?
"La France a agi sous mandat de l'ONU et c'était une bonne chose. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait été en faute. Si la France et l'ONU n'étaient pas intervenues, nous aurions eu un conflit beaucoup plus long avec des dizaines, sinon des centaines, de milliers de morts, comme au Rwanda", a poursuivi le président ivoirien, avant d'ajouter : "cela aurait été terrible, une catastrophe".
Evoquant le plan Licorne, qui désigne le soutien français au maintien de la paix, Alassane Ouattara a justifié son maintien. "J'ai demandé que la base française soit réactivée et continue en Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire est un pays important, nous avons une influence régionale qui va jusqu'à la frontière de l'Algérie et il y a des risques de terrorisme, de trafic de drogue. Par conséquent, nous avons besoin de renseignements sophistiqués et la France peut nous donner cet appui", a-t-il détaillé.
"Il faudra un nouvel accord de défense pour la coopération militaire avec la France", a-t-il poursuivi, avant de promettre : "il n'y aura pas de clause secrète. Nous serons transparents parce que la Côte d'Ivoire tient à sa souveraineté".