Le juge a tranché. Après sa comparution lundi, le juge Kim Kim Heger a décidé du placement en détention provisoire d'Anders Behring Breivik pour huit semaines, dont quatre à l'isolement total. Le principal suspect a admis avoir planifié de longue date la double attaque de vendredi et dit avoir agi seul. La comparution a eu lieu à huis clos. Mais Breivick aurait souhaité davantage de publicité.
"Sale traître"
Au moment de l'arrivée du suspect, la foule a commencé à hurler "sale traître!" et a malmené une voiture arrivant au palais de justice, pensant qu'elle amenait Anders Behring Breivik. La voiture, une Volvo bleue, a pu pénétrer dans l'enceinte du tribunal après l'intervention de la police. Selon un jeune manifestant, le suspect était assis à l'arrière du véhicule, avec des policiers à ses côtés. "Tout le monde, ici, veut qu'il meure", a dit à la presse l'une des personnes qui ont violemment frappé la voiture.
Les images de la chaîne de télévision TV2 ont montré un cortège de véhicules de police, comprenant deux Mercedes blindées noires, quittant le tribunal, gyrophares allumés.
Le but n'était pas de faire beaucoup de victimes
Au cours de cette audience de 40 minutes, Anders Behring Breivik a admis les faits qui lui sont reprochés mais n'a pas plaidé coupable. Il a redit avoir voulu défendre son pays contre islam et marxisme, comme il le disait déjà dans son manifeste publié sur Internet, et a évoqué "deux autres cellules" dans son organisation. Breivik a par ailleurs assuré que les deux attaques ne visaient pas à faire un maximum de victimes.
Le juge Kim Kim Heger a décidé de sa mise en détention provisoire pour une durée de huit semaines. Breivik en passera notamment quatre à l'isolement total. "Il y a peu de doutes qu'il sera placé en détention", avait estimé son avocat avant l'audience.
Il encourt 21 ans de prison
Face à l'horreur des attaques d'Oslo, des voix s'élèvent pour réclamer un durcissement de la peine maximale de 21 ans de prison prévue par le Code pénal norvégien encourue par le suspect de 32 ans, Anders Behring Breivik. Certains réclament même le rétablissement de la peine de mort.
Rapportée au nombre de ses victimes, une peine de 21 ans correspondrait à 82 jours par meurtre. S'il autorise de nombreuses remises de peine, le droit norvégien permet tout de même de garder en prison un détenu au-delà des 21 ans, par tranches de 5 ans renouvelables, s'il est encore considéré comme dangereux par les experts.
Un double message glacial pour les Norvégiens
Anders Behring Breivik avait posé deux exigences concernant sa comparution, d'après Geir Lippestad, son avocat. Le suspect a d'abord souhaité que l'audience soit publique, pour donner le plus de publicité possible à son acte. Même si le juge en a décidé autrement en choisissant le huit clos, le suspect est allé jusqu'au bout de sa logique. En effet, peu avant de passer à l'acte, l’homme de 32 ans avait diffusé sur Internet un manifeste de 1.500 pages truffé de diatribes islamophobes et antimarxistes, dans lequel il explique chercher à "éveiller les masses".
Parce qu'il se présente comme un combattant, le suspect a également voulu compa raître vêtu d'un uniforme. Une exigence, là encore, refusée par le juge norvégien. Des médecins devaient également examiner la santé mentale de l'accusé.