José Frèches, auteur du Dictionnaire amoureux de la Chine, était l'invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Monde/I-Télé ce dimanche. Il analyse les évolutions économique et sociales de l'empire du milieu et ses relations avec la France.
Ni génuflexion, ni bénédiction. Il y a 50 ans, Charles de Gaulle reconnaissait la Chine de Mao. La venue du président chinois Xi Jin Ping mardi 25 mars à Paris a donc une résonance historique et symbolique forte. Un demi-siècle après, le rapport de force a évolué, qui n'empêche pas José Frèches, auteur d'un dictionnaire amoureux de la Chine, de préconiser "une relation franche et pragmatique, sans génuflexion ni bénédiction. Nous avons des atouts, un prestige, une histoire, nous sommes aux yeux des Chinois le pays des Lumières, de Romain Rolland, nous leur fournissons des centrales nucléaires, des Airbus, nous comptons. On peut parler du Tibet en conférence de presse mais on prévient notre interlocuteur auparavant." Pour lui, un seul comportement est à proscrire : les "gesticulations médiatiques" néfastes au dialogue.
La France, pionnière des relations avec la Chine communiste. La France a des atouts à faire valoir, mais aussi une longue histoire commune avec Pékin. La reconnaissance de la Chine populaire par le général de Gaulle en 1964 était à l‘époque une première de la part d’un Etat occidental qui avait ouvert la porte à une normalisation des relations de l’Empire du milieu avec les puissances du bloc de l’Ouest, puisque les Etats-Unis ont ensuite reconnu l’existence de la République Populaire en 1972. C’est donc un "événement très important", souligne José Frèches. Quand on écoute l’allocution du général De Gaulle, il dit "je ne suis pas d’accord avec le communisme mais en tant que grand pays, la France ne peut pas ne pas reconnaître ce grand pays qu’est la Chine. C’est donc un acte de réalisme politique, qui a permis à la France d’apparaître aux yeux des Chinois comme le pays occidental en pointe, ça nous a donné un avantage et une vraie relation avec le gouvernement chinois."
Fascination réciproque. Avant le général De Gaulle, la France a éprouvé de la fascination pour la Chine, comme l’explique José Frèches : "La Chine et la France ont des liens très anciens, et inversement pour les Chinois la France a un grand prestige, c’est le pays du romantisme, de l’art de vivre. Louis XIV était tellement fasciné par empereur de Chine et la cité interdite qu’il avait envoyé un émissaire et l’empereur de Chine qui était alors un mandchou avait envoyé des mandarins à Versailles … il y a cette fascination réciproque entre ce roi soleil et l’empereur."
La Chine, nouvelle puissance et peurs anciennes. Une fascination qui s‘accompagne d’un sentiment de répulsion bien ancré selon José Frèches. "La Chine a toujours fait peur depuis le péril jaune, et aujourd’hui l’augmentation annuelle de 15% du budget de la défense chinois ravive ces peurs. Mais il nous faut accepter que ce pays ait un point de vue sur les relations internationales différents de celui de l’Occident. Il faut que nous autres Européens nous habituions à ce monde multipolaire où certains ont des points de vue différents du nôtre." L'histoire dira comment François Hollande va négocier la visite de Xi Jin Ping, qui arrivera à Paris mardi 25 mars accompagné de 200 hommes d'affaires.
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