Le porte-parole du gouvernement japonais a reconnu mardi que le niveau de radioactivité mesuré sur le site de la centrale de Fukushima était dangereux pour la santé. "Contrairement à ce qui s'est passé jusqu'ici, il ne fait pas de doute que les niveaux atteints peuvent affecter la santé des êtres humains", a expliqué Yukio Edano lors d'une conférence de presse. Quels sont ces risques pour la santé ? La réponse en quatre points.
Les sauveteurs en danger
Que risquent les Japonais ? - "Tout dépend de la dose de particules radioactives reçues", estime Damien Mascret, le consultant santé d’Europe 1. Pour ceux qui travaillent sur le site de la centrale (les sauveteurs, le personnel), l’exposition est forte : dans ces cas là, "il y a des risques de destructions de moelle osseuse, de leucémie, de troubles digestifs importants", explique-t-il à Europe1.fr. A Tchernobyl, une trentaine de ces sauveteurs (moins bien équipés que ceux de Fukushima) étaient morts, peu de temps après la catastrophe, des suites de leur irradiation.
Chez les riverains, exposés beaucoup plus faiblement, les radiations risquent de provoquer "une augmentation des cancers de la thyroïde, et l’apparition de cataractes, qui surviennent même à faible exposition", précise encore Damien Mascret. Toutefois, au Japon, la plupart des personnes concernées par ces risques ont été évacuées. L'AIEA a précisé qu'environ 185.000 habitants des zones proches des centrales nucléaires touchées par le séisme avaient été évacuées au 13 mars.
Comment est mesurée l’intensité des radiations ? - Le sievert mesure la dose de radiation que le corps a absorbée. 2,4 millisieverts correspondent à l’irradiation naturelle à laquelle les Français sont exposés sur un an.A Fukushima, des niveaux entre 30 et 400 millisieverts ont été relevés autour des réacteurs. A partir d'une dose de 100 millisieverts reçue par le corps humain, les observations médicales font état d'une augmentation du nombre des cancers.
Quels risques pour la population ?
Que peuvent faire les populations pour se protéger ? - Le gaz rejeté par la centrale de Fukushima véhicule majoritairement de l'iode et du césium. Une des premières parades consistent donc à prendre des comprimés d’iode pour parer les cancers de la thyroïde, en particulier dans la population jeune (bébés, enfants et adolescents, femmes enceintes et qui allaitent). En effet, l’iode dégagée par la centrale, "très volatile, se jette littéralement sur la thyroïde : en essayant de saturer l'organe avec de l'iode sain on prend de vitesse l'iode radioactif qu'on empêche de s'installer". Le problème est d'agir au bon moment: idéalement, une heure avant l'émission de particules contaminantes. Pendant les 24 heures qui suivent, le comprimé ne protège plus qu'à 25%.
Que faire dans les jours qui suivent la catastrophe ? - "Outre les pastilles d’iode, l’autre impératif est de ne pas consommer d’eau ou de lait produit localement et cela environ pendant 15 jours", explique encore Damien Mascret. Enfin, l’iode n’est pas le seul composant rejeté par la centrale de Fukushima. D’autres, pour lesquels on manque encore de recul, vont se déposer sur les sols. Il faut par exemple 30 ans pour le césium 137 perde la moitié de son activité. Les alentours de la centrale pourraient donc devenir inhabitables pour longtemps.