Un Français a été enlevé mardi au Mali, près de la frontière avec la Mauritanie et le Sénégal, a-t-on appris mercredi de source proche des services de sécurité mauritaniens. Selon l'agence mauritanienne d'information (AMI), agence de presse officielle, il s'agirait de Gilberto Rodriguez Léal, âgé de 61 ans, né au Portugal et détenteur de la nationalité française.
Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête préliminaire sur cet enlèvement, selon les informations recueillies par Europe 1. L'enquête a été ouverte pour "enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste" et confiée a la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). "Il y a très peu de chances de retrouver rapidement cet homme libre", a cependant estimé une de ces sources. Soit il a été directement enlevé par Aqmi et ses alliés, "soit par des intermédiaires qui ont sous-traité pour le compte des islamistes", a-t-elle ajouté. Mais, selon cette source, "la finalité est la même: l'otage devrait, si ce n'est déjà fait, échouer entre les mains des islamistes".
Bientôt une "vidéo de l'otage"
Le groupe islamiste armé Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un de ceux qui occupent le nord du Mali, a revendiqué être l'auteur du rapt. "Nous revendiquons l'enlèvement du Français dans le sud-ouest du Mali près de la frontière mauritanienne", a déclaré le porte-parole de l'organisation, ajoutant que le Mujao allait "prochainement publier une vidéo de l'otage". Il n'a pas fait part des revendications de son groupe en échange d'une éventuelle libération.
De son côté, la France va "tout faire pour retrouver notre ressortissant" enlevé mardi, avait réagi un peu plus tôt François Hollande lors de sa conférence de presse avec son homologue italien, Giorgio Napoletano.Les recherches se poursuivaient jeudi dans l'ouest du Mali ainsi que dans des pays voisins, dont la Mauritanie, pour tenter de le retrouver, selon des sources sécuritaires dans la région.
Enlevé dans un 4x4 surgi de nulle part
Cet homme n'était que de passage dans la petite ville de Diéma, située à 400km au nord-ouest de Bamako. Il serait arrivé mardi soir un peu avant 22 heures, selon les habitants de cette localité contactés par Europe 1. Il venait de Mauritanie, puisqu'il s'est d'abord arrêté à la douane de Diéma pour faire enregistrer son véhicule, une fourgonnette Peugeot immatriculée en France.
Une fois les formalités passées, il s'est attablé et a même discuté avec des jeunes du village. Mais à peine vingt minutes plus tard, un 4X4 flambant neuf s'est arrêté à son niveau et l'a kidnappé. Il a été enlevé par au moins six hommes armés "à la peau claire", ont précisé des sources sécuritaire et administrative maliennes.
Une région pourtant épargnée par Aqmi
Cet enlèvement est d'autant plus surprenant que cette région de Kayes n'est généralement pas le théâtre d'opérations du Mujao et d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), qui occupent totalement le nord du Mali depuis fin juin avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Contrairement au Nord, vaste région aride qui occupe les deux-tiers du territoire malien, l'ouest et le sud du Mali restent sous contrôle des autorités de transition en place à Bamako depuis avril, après un coup d'Etat militaire qui, le 22 mars, avait précipité la chute du nord du Mali aux mains des islamistes.
Ce nouvel enlèvement porte à sept le nombre de Français otages au Mali. Six d'entre eux avaient été enlevés par Aqmi : quatre dans le nord au Niger en septembre 2010 et deux dans le nord du Mali en novembre 2011.