L’INFO. Le groupe pharmaceutique français dit prendre l’affaire "très au sérieux". La presse chinoise accuse Sanofi d’avoir versé des pots-de-vin à des médecins chinois pour augmenter les ventes des produits issus de ses laboratoires. Au total, plus 200.000 euros auraient été versés à ces praticiens, dont l’image auprès des Chinois est déjà écornée.
Près de 10 euros la prescription. Les faits évoqués par le quotidien 21st Century Business Herald remonteraient à 2007. Un témoin anonyme a raconté au journal chinois que des représentants locaux de Sanofi avaient versé 80 yuans, soit 9,70 euros, à chaque médecin de Pékin, Shanghai, Canton et Hangzhou prescrivant à ses patients un médicament du laboratoire. Environ 500 médecins et 79 hôpitaux seraient concernés par ces pots-de-vin appelés "frais à titre de recherche".
Des médecins payés 200 euros. Ces pots-de-vin s’élèveraient au total à 1,69 million de yuans, soit 207.000 euros. Un docteur aurait par exemple empoché 11.200 yuans, soit 1.360 euros, grâce à ce système. Une somme loin d’être négligeable dans un pays où un médecin gagne en moyenne 200 euros par mois. Par ailleurs, une quarantaine d’autres docteurs de la région de Pékin auraient reçu en tout plus de 20.000 yuans (2.440 euros) "sous forme de versements en liquide, de cadeaux et dépenses diverses", sur plusieurs mois en 2007. D’après le 21st Century Business Herald, ces sommes ne constitueraient cependant que le "sommet de l’iceberg".
"Tolérance zéro". Disant prendre ces allégations "très au sérieux", le groupe pharmaceutique français a indiqué avoir "mis en place des procédures afin d’examiner et de répondre à ces questions en adéquation avec ses obligations légales et éthiques". Sanofi juge "prématuré de commenter des événements qui se seraient produits en 2007" et assure être "déterminé à respecter les principes éthiques qui régissent [ses] activités". "Nous avons une tolérance zéro pour toute pratique contraire à l’éthique", a insisté le laboratoire.
Un autre laboratoire sous le coup d’une enquête. Les allégations sur ces pratiques ne risquent pas de réconcilier les Chinois avec leurs médecins. Dans le pays, la quasi-totalité des praticiens arrondissent leurs fins de mois de cette façon. Un autre géant du secteur, le Britannique GlaxoSmithKline (GSK) est d’ailleurs sous le coup d’une enquête pour corruption. GSK aurait soudoyé des fonctionnaires, des firmes pharmaceutiques, des hôpitaux et des médecins pour doper ses ventes en Chine. Le tout pour un montant de près de 500 millions de dollars, soit environ 373 millions d’euros.