Le bilan extrêmement lourd de ce massacre a relancé les appels pressants en direction l'ONU. Au moins 150 personnes ont été tuées jeudi dans le centre de la Syrie, à Treimsa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 220 selon les rebelles syriens. L'attaque, imputée au régime par l'opposition, a été menée avec des chars et des hélicoptères. "Considérant la petite taille de la ville, c'est peut-être le plus grand massacre commis depuis le début de la révolution", a estimé Rami Abdel Rahmane, le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Un militant vivant dans la région a expliqué pourquoi le bilan était aussi lourd : l'armée aurait en effet pilonné une mosquée où s'étaient réfugiés de nombreux habitants de Treimsa. Le village aurait été complètement encerclé par des véhicules militaires. "Quiconque essayait de fuir à travers les champs était abattu", selon un autre militant.
Aucun progrès à l'ONU
Pour le régime de Bachar al-Assad, cette tuerie est au contraire à attribuer aux "groupes terroristes armées" et aux "médias assoiffés de sang".
Le Conseil national syrien (CNS), coalition de l'opposition, évoque, lui, le plus "infâme des génocides commis par le régime syrien". Alors qu'au Conseil de sécurité de l'ONU, le blocage est total sur le dossier, le CNS a une fois encore plaidé pour l'adoption d'une résolution contraignante "urgente". Les 15 membres du Conseil devaient se retrouver vendredi pour de nouvelles discussions, après une journée de jeudi marquée par l'absence de progrès notable.
Le gouvernement syrien a "bafoué" les résolutions de l'ONU en perpétrant une nouvelle tuerie dans le village de Treimsa, a quant à lui affirmé le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l'ONU, l’émissaire estime que cette tuerie constitue "une escalade scandaleuse" dans le conflit syrien. Selon lui, l'armée syrienne avait violé les engagements pris par Damas en utilisant des armes lourdes. Kofi Annan s'est dit "choqué" et a condamné des "atrocités" .
Kofi Annan dans le viseur des Frères musulmans
Kofi Annan doit lui aussi mettre sa crédibilité à l'épreuve. Les Frères musulmans de Syrie, membres du CNS, n'ont pas hésité à s'en prendre à lui. L'émissaire est accusé, avec l'Iran et la Russie, d'être "responsable" du massacre par son inaction.
Paris a a estimé de son côté que ce nouveau massacre manifestait une "fuite en avant meurtrière du régime". "Une fermeté renforcée doit désormais passer par une menace de sanctions du Conseil de sécurité", a ajouté le Quai d'Orsay.
Kofi Annan se rendra en outre lundi à Moscou pour discuter avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Mais jeudi, Moscou avait fait savoir qu'il n'était pas question pour la Russie d'accepter le projet de résolution présenté par la Grande-Bretagne, qui prévoit d'autoriser le recours à tous les moyens nécessaires pour contraindre Bachar al-Assad à respecter ses obligations.