La communauté internationale s'inquiète de la situation en Syrie suite aux répressions sanglantes. La Maison Blanche a appelé vendredi à cesser les violences et a invité Damas à mettre en oeuvre les réformes promises.
"Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts le recours à la force par le gouvernement syrien contre des manifestants. Ce recours révoltant à la violence pour lutter contre des manifestations doit cesser immédiatement", a déclaré vendredi soir Barack Obama.
Londres a également réagi. Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a qualifié d'"inacceptable" le fait que des manifestants ont été tués par balles vendredi et a demandé que la levée de l'état d'urgence soit vraiment appliquée. "Je suis extrêmement inquiet au sujet des informations faisant état de morts et de blessés à travers la Syrie", a-t-il déclaré.
Des milliers d'opposants dans les rues
Des dizaines de milliers d’opposants syriens sont descendus dans les rues après les prières du vendredi. A l’occasion de la sixième semaine de manifestations contre le pouvoir de Bachar al Assad, les défilés ont réclamé le renversement du régime. Au lendemain de la levée de l’état d’urgence décidée par le président, la tension est pourtant montée d’un cran parmi les militants antigouvernementaux. Ces manifestations se déroulaient à Banias, sur la côte méditerranéenne, et à Homs, dans le centre du pays.
Le régime de Bachar al-Assad a anticipé tout débordement. A Damas, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser 2.000 manifestants dans le quartier historique de Midan. Elles ont également ouvert le feu sur l’opposition dans le quartier de damascène de Barzeh ainsi qu’à Douma, dans la banlieue de la capitale où l’on dénombrait trois blessés.
Plus de 70 morts vendredi
Si plus de 220 manifestants ont été tués depuis le 18 mars à Deraa dans le Sud, près de 21 opposants ont été battus abattus cette semaine dans la seule ville de Homs. Ce vendredi, la répression des défilés de vendredi à travers la Syrie aurait fait plus de 80 morts, ont déclaré samedi des défenseurs des droits de l'homme.
A Hama, où le père de Bachar al Assad, Hafez, avait durement réprimé un soulèvement en 1982, faisant des milliers de morts, un témoin a déclaré que les forces de sécurité avaient tiré pour empêcher les manifestants d'atteindre le siège du parti Baas.
Au moins huit personnes ont été tuées dans la localité d'Ezreh, dans la province de Deraa épicentre de la contestation du régime de Bachar al-Assad lancée le 15 mars. Une neuvième a été tuée à Hirak, également dans la province de Deraa. Six autres ont été tuées à Douma, à 15 km au nord de Damas, selon eux.
Des dizaines de personnes ont été également blessées par les tirs des forces de l'ordre qui tentaient de disperser les manifestants dans plusieurs villes, selon les mêmes sources. Des informations, qui n'ont pu être confirmées dans l'immédiat, ont fait état en outre de "victimes" à Homs ainsi que dans les quartiers de Maadamiyah, Zmalka et al-Qaboune, à Damas.
Samedi, au cours des funérailles des tués de la veille, plusieurs personnes sont mortes. Des témoins ont expliqué qu'elles avaient été touchées par les balles des "francs-tireurs" postés sur les toits des immeubles.