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Syrie : le nouveau pouvoir promet un «Etat de droit», Washington veut prévenir de «nouveaux conflits»

Europe 1 avec AFP . 4 min
Mohammad al-Bachir a été nommé chef du gouvernement de transition.
Mohammad al-Bachir a été nommé chef du gouvernement de transition. AFP / © SANA

Le nouveau pouvoir en Syrie a promis jeudi d'instaurer un "Etat de droit" quatre jours après la chute de Bachar al-Assad, au moment où le G7 se dit prêt à soutenir un gouvernement "inclusif et non sectaire". De son côté, Washington met en garde contre le déclenchement de "nouveaux conflits" dans le pays.

Le nouveau pouvoir en Syrie a promis jeudi d'instaurer un "Etat de droit", quatre jours après la chute de Bachar al-Assad, la diplomatie américaine mettant pour sa part en garde contre le déclenchement de "nouveaux conflits" dans le pays. A l'issue d'une offensive de onze jours, une coalition rebelle dominée par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a renversé dimanche le pouvoir de Bachar al-Assad, qui a fui en Russie.

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"Une transition inclusive"

Face aux défis politiques, sociaux et sécuritaires auquel le pays multi-ethnique, multiconfessionnel et morcelé doit faire face, les nouvelles autorités tentent de rassurer en interne et à l'international. Après une visite du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, la Jordanie a annoncé la tenue samedi d'un sommet consacré à Syrie, réunissant ministres et haut-diplomates américains, européens, arabes et turcs.

A Rome, le G7 s'est dit prêt à soutenir une transition vers un gouvernement "inclusif et non sectaire" respectant les droits des femmes et "les minorités religieuses et ethniques". En Jordanie, Antony Blinken a également appelé à "une transition inclusive" vers un gouvernement "responsable et représentatif".

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Evoquant les activités militaires israélienne et turque depuis la victoire rebelle, il a jugé "vraiment important" que tous fassent "en sorte de ne pas déclencher de nouveaux conflits". Il s'est ensuite entretenu à Ankara avec le président Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient des forces rebelles luttant contre le contrôle kurde dans le nord-est syrien.

"Violations importantes" de la souveraineté et intégrité territoriale syrienne

Israël, qui a annoncé ces derniers jours des centaines de frappes en Syrie contre des sites militaires stratégiques, ne veut pas que les équipements de l'armée syrienne tombent entre de "mauvaises mains", a mis en avant Antony Blinken. Mais Washington discute avec Israël "de la voie à suivre", a-t-il dit en Jordanie.

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Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, est "très préoccupé" par les "violations importantes" de la souveraineté et intégrité territoriale syrienne, et par les frappes israéliennes, a fait savoir son porte-parole, alors que l'armée israélienne est aussi entrée dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël.

Les FDS "essentielles" face à l'EI

Avant une trêve mercredi sous l'égide américaine, des combats meurtriers ont par ailleurs opposé des combattants pro-turcs aux forces pro-kurdes dans le nord syrien. Les Forces démocratiques syriennes, FDS, dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis, qui contrôlent de vastes régions du nord-est sont "essentielles" pour empêcher la résurgence du groupe jihadiste Etat islamique (EI), a souligné Antony Blinken.

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L'administration autonome kurde a annoncé plus tôt troquer le drapeau kurde pour les nouvelles couleurs flottant sur Damas. Le chef des services des renseignements turcs Ibrahim Kalin s'est rendu jeudi à Damas, selon des images diffusées par les médias turcs.

Après plus d'un demi-siècle de pouvoir sans partage du clan Assad, le nouveau gouvernement entend instituer "un Etat de droit", a affirmé un porte-parole, Obaida Arnaout. Les autorités vont "geler la Constitution et le Parlement" en vue d'amender la Constitution, a-t-il indiqué à l'AFP. HTS affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis.

La Turquie a nommé un nouveau chef de mission pour son ambassade à Damas

Le Premier ministre de transition, Mohammad al-Bachir a appelé mercredi les Syriens exilés à rentrer. Quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays depuis 2011, quand la répression de manifestations prodémocratie a déclenché une guerre civile dévastatrice qui a fait plus d'un demi-million de morts.

A Damas, où flotte désormais le drapeau de la révolution, la vie a repris son cours. "On a l'impression que nous étions tous des prisonniers sous terre, désormais sortis à la lumière du jour", confie un habitant de 38 ans, Razan al-Halabi. Des anciens militants du parti Baas remettent leurs armes dans des permanences de cette formation, pilier pendant un demi-siècle du pouvoir déchu, au lendemain de la suspension de ses activités.

Les nouvelles autorités ont annoncé la reprise des activités de la chancellerie italienne et de missions diplomatiques de sept pays arabes. La Turquie a nommé un nouveau chef de mission pour son ambassade à Damas, fermée de longue date. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a de son côté lancé un appel urgent à des crédits de 250 millions de dollars pour fournir "une aide alimentaire à jusqu'à 2,8 millions de personnes déplacées et vulnérables" dans le pays.

"Barbarie inimaginable"

De nombreux Syriens mènent aussi une douloureuse quête de proches disparus lors des décennies de féroce répression. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a demandé la libération immédiate des "innombrables" personnes encore arbitrairement détenues, dénonçant la "barbarie inimaginable" endurée par le pays. La Commission d'enquête des Nations unies sur la Syrie a indiqué à l'AFP avoir établi des listes de milliers d'auteurs de crimes graves en Syrie.

Les nouvelles autorités ont annoncé qu'un citoyen américain, Travis Timmerman, avait été libéré, et se sont dit prêtes "à coopérer" avec Washington pour retrouver d'autres Américains disparus, dont le journaliste Austin Tice enlevé en 2012 lors d'une opération de l'armée en banlieue de Damas.

Les Etats-Unis "travaillent à ramener à la maison" M. Timmerman, a affirmé Antony Blinken. D'éventuelles frappes sur des sites d'armes chimiques en Syrie pourraient entraîner un risque de contamination et de destruction de preuves importantes, a pour sa part mis en garde le directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).