La situation est toujours aussi compliquée en Guinée. Si Paris estime que les autorités légitimes contrôlent le pays et sa capitale, Conakry, un officier de l'armée guinéenne, le capitaine Moussa David Camara, a annoncé dans la matinée à la radio d'Etat la dissolution du gouvernement et la suspension de la constitution.
Cette confusion est née de la mort du président Lansana Conté qui vient de mourir à 74 ans après 24 années passées au pouvoir. A la suite de cette annonce, des militaires et des policiers étaient postés autour du palais présidentiel ainsi que de la banque centrale, ont rapporté des témoins. Le président de l'Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, a déclaré que selon lui la majeure partie de l'armée était loyaliste et ne suivait pas le capitaine Camara.
Dans son texte, le capitaine guinéen annonce la création d’un conseil de transition composé de militaires et de civils et reflétant "l'équilibre ethnique". Camara a invoqué notamment "la corruption généralisée", l'impunité et l'anarchie ainsi qu'une "situation économique catastrophique" pour justifier la dissolution du gouvernement. La constitution prévoit l'organisation d'une élection présidentielle dans un délai de 60 jours pour trouver un successeur à Conté, qui n'a jamais clairement désigné de "dauphin". Un deuil national de 40 jours a été décrété.
Sur la scène diplomatique, les appels au calme se multiplient. L'Union africaine a appelé "toutes les forces politiques de Guinée et autres institutions de l'Etat, notamment les forces armées, à assurer une transition constitutionnelle, pacifique et consensuelle, dans le respect de l'ordre démocratique". L'Union européenne a également appelé tous les responsables politiques ainsi que toutes les institutions civiles et militaires "à respecter (...) les dispositions constitutionnelles afin d'assurer une transition pacifique en vue de l'organisation rapide d'élections libres et transparentes".Même ton au Etats-Unis. "Nous encourageons les institutions guinéennes à prendre toutes les mesures nécessaires à une transition pacifique et démocratique", a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Tony Fratto.