La victoire était annoncée, elle s'est confirmée confirmer dimanche soir pour le parti conservateur du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Après dépouillement de 99% des bulletins, l’AKP, le "Parti de la Justice et du développement" créé à partir d'une formation islamiste interdite à la fin des années 1990, est crédité de 50% des voix aux élections législatives.
L'AKP devrait réunir 326 sièges soit quatre de moins que le nombre exigé pour la convocation d'une consultation référendaire. L'AKP n'obtient cependant pas la majorité des deux tiers (367) qu'elle espérait au Parlement pour modifier, sans avoir à consulter l'opposition, la Constitution héritée des militaires après leur putsch de 1980. Les conservateurs vont donc devoir passer des alliances avec d'autres formations politiques pour mettre en œuvre leur projet de réforme de la loi fondamentale.
Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche) obtient 25,9% des suffrages et la troisième force politique du pays, le parti du Mouvement nationaliste (MHP) est crédité de 13% des voix.
Tout indique que Recep Tayyip Erdogan va, pour la troisième fois, rempiler pour quatre ans à la tête du gouvernement. Le parti qu'il a fondé est considéré comme libéral au plan économique et conservateur sur les questions de société.
"Une nouvelle Constitution à travers le consensus"
"Le peuple nous a transmis le message d'élaborer une nouvelle Constitution à travers le consensus et la négociation", a confié le Premier ministre depuis le balcon du siège de son parti à Ankara après l'annonce des premiers résultats. Erdogan a promis que la nouvelle Constitution s'appuiera sur des principes démocratiques et pluralistes.
Les détracteurs d'Erdogan dénoncent ses tendances autocratiques et lui prêtent l'ambition de se hisser plus tard au poste de chef de l'Etat dans le cadre d'un système présidentiel renforcé. L'opposition dénonce également des atteintes aux libertés. Erdogan a ainsi défendu l'arrestation de journalistes soupçonnés d'implication dans des complots contre le gouvernement présumés, les comparant à des "bombes" prêtes à exploser.
Erdogan se voit comme un "démocrate musulman"
Peu à l'aise avec l'étiquette d'"islamiste modéré", cet ancien maire d'Istanbul se revendique comme un "démocrate musulman". Pratiquant - il ne boit pas d'alcool et son épouse et ses filles portent le voile - il clame néanmoins son attachement aux valeurs occidentales et à la laïcité. En 2005, il avait obtenu l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne, qui sont aujourd'hui au point mort.