C'est un imbroglio dont la Russie se serait bien passé. Alors que la Syrie est sous le coup d'un embargo, un cargo russe MV Alaed, a été intercepté mardi au large de l’Écosse avec des équipements militaires à destination de la Syrie. Cependant, le navire livrera bel et bien sa cargaison, a affirmé jeudi Moscou.
"Le cargo Alaed a pris la mer le 11 juin avec à bord notamment des hélicoptères Mi-25 qui sont propriété de la partie syrienne et doivent être rendus à la Syrie après réparation", a déclaré lle porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch.
Une assurance résiliée
La polémique a commencé mardi lorsque le propriétaire du navire, le groupe russe Femco, s'est vu signifier "au passage de la mer du Nord à l'Atlantique" la résiliation de son assurance par son assureur britannique. Selon le Daily Telegraph, des responsables britanniques ont fait savoir à Standard Club que fournir une assurance à la cargaison supposée de l'Alaed contreviendrait aux sanctions édictées par l'Union européenne interdisant toute fourniture d'armes à la Syrie.
Privé d'assurance, le cargo, sous pavillon de l'île Curaçao, a donc dû entrer "dans un port pour subir une inspection". Pas de quoi décourager les autorités russes, bien décidées à faire arriver ces hélicoptères d'attaque Mi-25 à bon port. "Pour écarter la possibilité d'une interception du bâtiment, il a été décidé de le faire revenir à Mourmansk (nord-ouest), où il est attendu samedi pour passer sous pavillon russe", a annoncé Alexandre Loukachevitch.
Indéfectible allié de la Syrie
Moscou, grand allié de la Syrie depuis de nombreuses décennies, affirme qu'elle ne contrevient pas à l'embargo sur les armes puisque s'est contentée de remettre en état de marche ces appareils vendus du temps de l'URSS, selon le journal britannique. Or, des MI 25 ont été utilisés dans la répression menée par le président Bachar al-Assad ces quinze derniers mois.
"C'est une preuve de coopération" :
D'après le site internet russe spécialisé, Maritime Bulletin, l'itinéraire du navire semble douteux. Mikhail Voitenko, spécialiste des questions maritimes, a souligné qu'il y avait un "trou" d'un mois dans le trajet de l'Alaed. Le cargo se trouvait à Gibraltar le 2 mai et à Saint-Pétersbourg le 4 juin, un voyage qui prend habituellement de huit à dix jours. "Des calculs montrent que le cargo a pu aller jusqu'en Syrie après s'être arrêté à Gibraltar, puis avoir mis le cap sur Saint-Pétersbourg", assure le site. Et donc, livrer son chargement.
"Vous aidez à tuer des gens"
La Ligue arabe a donc appelé jeudi à la Russie de cesser de livrer des armes au régime syrien. "Toute aide à la violence doit cesser, parce que quand vous livrez du matériel militaire, vous aidez à tuer des gens. Cela doit cesser", a déclaré le numéro deux de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli dans des déclarations diffusées jeudi par l'agence russe Interfax.
Depuis le début de la révolte syrienne à la mi-mars 2011, les opérations de répression et les combats entre soldats et rebelles ont fait au moins 15.026 morts à travers le pays, en majorité des civils, selon un bilan publié jeudi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).