C'est une première : le parti néo-nazi allemand NPD va faire son entrée au Parlement européen. Ce parti a recueilli quelque 300.000 voix et un score d'1%, qui lui permet d'envoyer un élu, le Berlinois Udo Voigt, tête de liste, sur les 96 sièges dont dispose l'Allemagne.
Connu pour ses dérapages. L’homme, âgé de 62 ans et issu de la vieille garde du NPD, profite d’une réforme du système électoral allemand pour les européennes, qui est passé à la proportionnelle intégrale : fini donc le seuil minimum à atteindre pour pouvoir avoir un élu. C’est pourquoi le NPD, créé en 1964, est capable, comme d’autres petits partis allemands, d’envoyer un élu au Parlement européen.
Le sulfureux Ugo Voigt est un grand habitué des dérapages, qui lui valent parfois des ennuis avec la justice, rappelle Slate.fr. En 2007, lors d’une interview à la télévision, il avait par exemple assuré qu’"au maximum, 340.000 personnes étaient mortes à Auschwitz". Cette déclaration lui avait valu une condamnation pour incitation à la haine raciale.
Fils d’un ancien de la SA. Udo Voigt est un vieux routard du néonazisme. Fils d’un ancien de la SA, il raconte à l’agence Reuters avoir rejoint les rangs du parti en 1968, après avoir assisté à un meeting. Il dit avoir été convaincu en entendant, pour la première fois, un homme politique exprimer de la fierté vis-à-vis de l’histoire allemande.
Ce catholique a suivi dans sa jeunesse une formation d’ouvrier dans l’aérospatiale, puis s’est engagé dans l’armée. Mais son appartenance au parti néo-nazi l’a empêché d’être nommé officier. Udo Voigt s’est ensuite mis à la politique, puis a monté un centre de formation du NPD en Italie. Au niveau fédéral, le parti, que les autorités ont tenté de faire interdire, demeure faible et ne dispose d’aucun élu au Parlement allemand. Il est cependant présent dans deux parlements régionaux.
"L’Europe est le continent des blancs". Udo Voigt, qui a lâché la tête du parti en 2011, se défend de tout racisme. Mais il affirme tout de même : "nous disons que l’Europe est le continent des blancs, et doit le rester". "Nous voulons nous assurer que même dans 50 ans, un Italien, un Français, un Irlandais et un Allemand sont encore reconnaissables comme des Européens et qu’on ne pourra pas les confondre avec des Ghanéens ou des Chinois", prône le sexagénaire.
Pendant la campagne pour les européennes, son parti s’est distingué avec ses slogans de mauvais goût, raconte le site Euractiv.fr. L’une de ses affiches, portant le slogan "Mettre les gaz", a par exemple été accrochée devant le musée juif de Berlin. Autre cible favorite du NPD : les Roms. Le parti s’en est donné à cœur joie, avec ce slogan : "de l’argent pour mamie, par pour les Sinti [un groupe nomadisant victime des déportations des nazis] ni les Roms".
Evidemment, outre-Rhin, la percée du NPD ne passe pas inaperçu. Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, s’est dit "horrifié qu’un [élu du NPD] soit représenté au Parlement". Udo Voigt, lui, risque de se retrouver bien seul dans l’hémicycle européen : même le très extrémiste Jobbik hongrois, parti ultra-nationaliste et anti-Roms, préfère éviter de frayer avec le NPD.
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