Cinq mois après le début de l'affaire, le piratage subi par Sony Pictures risque de faire de nouveaux dégâts. Le site Internet WikiLeaks a publié jeudi 30.287 documents et 173.132 emails du groupe. L'équipe réunie autour de Julian Assange a fait une base de recherches de ces papiers volés.
"L'attaque informatique de Sony Pictures était une action criminelle malveillante, et nous condamnons fermement l'indexation" de données personnelles, a écrit la société. Dans un communiqué, le site lanceur d'alertes justifie son choix de dévoiler ces documents et adresses email, affirmant qu'ils relèvent, selon lui, du "domaine public".
Si les données avaient déjà été mises en ligne en novembre dernier, au moment du piratage, WikiLeaks facilite la possibilité de faire des recherches en utilisant le nom d'un employé ou un mot-clé, comme le titre d'un film ou le nom d'un acteur. Le site explique que "certaines histoires sont sorties à l'époque, mais il n'était pas possible de faire des recherches dans les archives originales et elles ont été retirées avant que le public et les journalistes puissent gratter la surface". "Maintenant publiées dans un format où l'on peut faire des recherches, les archives Sony offrent un aperçu rare des rouages d'une grande entreprise multinationale secrète", ajoute WikiLeaks, affirmant qu'on peut y voir de nombreux exemples des activités de lobbying du groupe. Morceaux choisis.
Le coup de main de Sony sur l'Etat islamique … On y découvre notamment que la Maison-Blanche a demandé au PDG de la firme de l'aider à contrer la propagande de la Russie et de l'organisation Etat islamique. Dans ces archives, on peut lire un email du sous-secrétaire pour la diplomatie publique. "Comme vous pouvez le voir, la propagande de l'Etat islamique et les récits pro-russes en Europe centrale et orientale nous posent de gros défis", écrit-il. Il continue : "Dans les deux cas, des millions et des millions de personnes reçoivent une version déformée de la réalité. Et ce n'est pas quelque chose que le Département d'Etat peut faire par lui-même avec ses moyens".
… et en France. Les Etats-Unis ne se sont pas contentés de vouloir utiliser Sony Pictures en Europe de l'Est ou au Moyen-Orient. On découvre également un échange entre Barry Lynton et l'ambassadrice américaine à Paris. "Nous avons un programme ambitieux à promouvoir ici, en France", écrit-elle. "Nous apprécierions une quelconque aide. Nous avons déjà commencé à réfléchir à comment vos "superstars" pourraient amplifier l'excellent travail de l'ambassade américaine à Paris".
Quand le PDG de Sony dîne avec Obama. Dans des emails, on apprend aussi que le PDG de Sony Pictures, Michael Lynton, dînait avec le président Obama. Au moins deux rencontres semblent avoir eu lieu. Michael Lynton disait avoir hâte de discuter de la réforme du système de santé, de l'Ukraine et de la Syrie avec lui.
Des liens qui font écho à la prise de position de Barack Obama lui-même quelques jours après le piratage de l'entreprises. Le président américain avait affirmé que la Corée du Nord était responsable de la fuite des documents. Le président des Etats-Unis avait indiqué que le régime nord-coréen souhaitait ainsi empêcher la diffusion du film The Interview, mettant en scène le personnage du dictateur Kim Jong-Un. Pyongyang avait nié et les experts en cybersécurité étaient divisés sur cette théorie. Dans les documents publiés par WikiLeaks, on apprend que, plusieurs mois avant le piratage, Sony avait reçu des menaces de Corée du Nord concernant ce film.
Dans un premier temps, Sony Pictures avait renoncé à diffuser la comédie avant de revenir sur sa décision. Le film a profité de cette exposition médiatique soudaine et avait été téléchargé illégalement près de 900.000 fois, 24 heures après sa mise en ligne.