Vingt-quatre heures après le lancement de leur offensive, les forces irakiennes continuent leur avancée à l'est de Mossoul pour tenter d'arracher la deuxième ville d'Irak aux mains de l'État islamique. La bataille pourrait être longue et difficile. Et provoquer un désastre humanitaire. De fait, quelque 1,5 million de civils vivent encore là, faisant craindre à l'ONU un véritable exode. "Les familles sont exposées à un risque extrême d'être prises entre deux feux" ou d'être utilisées comme boucliers humains par les djihadistes, ont ainsi averti les Nations Unies. La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak, Lise Grande, a quant à elle déclaré que d'"importants mouvements de population" étaient à craindre "d'ici cinq à six jours".
Des consignes sur des tracts. Du côté des forces irakiennes, tout est fait pour éviter une catastrophe. Lundi, l'armée a largué par les airs des milliers de tracts au-dessus des hameaux tenus par Daech. Dessus, des messages très clairs prévenant les habitants de son arrivée, et leur demandant de rester chez eux. Selon un colonel kurde en effet, depuis plusieurs jours déjà, des groupes d'hommes et de femmes butent sur son checkpoint, cherchant à fuir leur village contrôlé par les djihadistes.
Les djihadistes investissent les maisons abandonnées. Cela pose de gros problèmes de sécurité. D'abord parce que "certains d'entre eux font partie de Daech", explique ce colonel. "Si on voit qu'ils sont recherchés, on les arrête. Mais tous les noms ne sont pas sur nos listes." Il y a un mois, l'un d'eux a réussi à passer les contrôles. Et s'est fait exploser dans la ville de Kirkouk. En outre, les maisons abandonnées par les civils peuvent être investies et piégées par les djihadistes.
L'exemple de Qayyarah. Pour éviter tout désastre humanitaire, l'armée irakienne voudrait reproduire à Mossoul ce qu'elle a déjà fait à Qayyarah, une ville située 60 kilomètres plus au sud. Cette commune avait été reprise à Daech fin août, notamment grâce à une collaboration des forces irakiennes et de la population. Les habitants s'étaient cloîtrés chez eux, avant d'aider l'armée. "Les deux premiers jours, les combats ont été très violents", se souvient un commerçant. "Quand l'armée est entrée, les soldats ont fouillé les maisons et arrêté les terroristes. Ensuite, ils nous ont demandé d'identifier les membres du groupe [Etat islamique] dans la ville. On était au moins 50, rassemblés pour désigner les coupables."
Pour faire pareil à Mossoul, les forces irakiennes devront déplacer les civils avant les combats vers des quartiers bien définis. La seule option sous peine de devoir gérer l'exode de plus d'un million de personnes.