La ministre française à l'Égalité femmes-hommes Aurore Bergé a dénoncé mardi soir le "travail de sape" de la droite américaine de Donald Trump "contre les droits des femmes" qui a conduit selon elle à l'annulation par la Cour suprême en 2022 de la protection fédérale de l'avortement. "Malheureusement, le travail de sape a déjà été conduit aux États-Unis. Je ne sais pas comment il pourrait aller plus loin", a jugé Aurore Bergé à New York, interrogée sur les conséquences pour les droits sexuels et reproductifs d'une réélection en novembre de l'ex-président américain.
"Diplomatie féministe"
"Le travail très patient sur le renouvellement des (juges) de la Cour suprême, ce travail de l'ombre que les républicains et les plus durs d'entre eux ont opéré, a conduit à ce qu'il y ait une majorité qui s'exerce contre les droits des femmes, contre les droits LGBT, contre un certain nombre de libertés fondamentales. C'est une évidence", a-t-elle déclaré à quelques journalistes.
Elle conduit cette semaine au siège de l'ONU une délégation de 80 personnes devant la Commission sur la condition de la femme pour "porter" devant la communauté internationale une "diplomatie féministe" et vanter l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution française, une première mondiale. "C'est parce qu'il y a eu la décision de la Cour suprême qu'on a pris conscience de la fragilité absolue des droits des femmes, des libertés des femmes, notamment notre liberté principale de disposer de notre corps", a expliqué Aurore Bergé.
L'avortement, un des grands thèmes de la campagne américaine de 2024
En juin 2022, la plus haute juridiction américaine avait cassé son fameux arrêt Roe vs Wade, vieux d'un demi-siècle, et annulé ainsi la garantie fédérale pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse. Sous le mandat de Donald Trump (2017-2021), la majorité des neufs juges de la Cour suprême avait basculé à droite grâce aux nominations qu'il avait décidées. L'avortement est l'un des grands thèmes de la campagne de la présidentielle 2024 entre le président sortant, le démocrate Joe Biden, et son prédécesseur, le républicain Donald Trump.
Lors de son discours sur l'état de l'Union le 7 mars, Joe Biden a "promis" de "rétablir" - s'il est réélu le 5 novembre et qu'il a un Congrès à majorité démocrate - le droit fédéral à l'IVG. En France, le président Emmanuel Macron a annoncé le 8 mars qu'il voulait inscrire la "liberté de recourir" à l'avortement "dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et se "battre pour que ce droit devienne universel et effectif". Sa ministre Aurore Bergé a dit espérer "un effet d'entraînement" en Europe et dans le monde.