Donald Trump a déclaré samedi qu'il n'était pas satisfait des informations données par Ryad sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tout en avertissant que suspendre la vente d'armes à l'Arabie saoudite nuirait aux États-Unis. "Nous pouvons faire d'autres choses, y compris imposer des sanctions", a expliqué le président américain devant des journalistes à Elko dans le Nevada.
Un aveu qui laisse sceptique la classe politique. L'Arabie saoudite a admis samedi, 17 jours après la disparition de Jamal Khashoggi, qu'il avait été tué à l'intérieur du consulat du royaume à Istanbul, sans toutefois révéler où se trouvait son corps. Le journaliste saoudien est décédé après "une bagarre" et "une rixe à coups de poing", selon le procureur général Saoud al-Mojeb. Cette version a rapidement été qualifiée vendredi soir par le président américain de "pas très important", malgré le profond scepticisme au sein même de ses rangs républicains au Congrès américain. "C'était un gros premiers pas. C'était un bon premier pas. Mais je veux obtenir la réponse", a précisé Donald Trump samedi après-midi.
À un journaliste qui lui demandait s'il était satisfait du limogeage de deux des principaux collaborateurs du prince héritier Mohammed ben Salmane, et des 18 arrestations annoncées, le président américain a répondu : "Non, je ne serai pas satisfait tant que nous n'aurons pas la réponse".
De très juteux contrats financiers. "Cela étant dit, nous avons 450 milliards de dollars (de contrats, ndlr), dont 110 milliards de commandes militaires, du matériel et d'autres choses commandées par l'Arabie saoudite", a-t-il poursuivi."Je crois que cela représente plus d'un million d'emplois alors ce n'est pas constructif pour nous d'annuler une commande comme celle-là", a expliqué le président américain à des journalistes. "Cela nous fait beaucoup plus de mal qu'à eux". "Pour l'équipement militaire, ils peuvent se tourner vers la Chine, ils peuvent se tourner vers la Russie, même s'ils n'ont pas un aussi bon matériel que nous, personne n'en a. Ils peuvent acheter leur matériel ailleurs", a poursuivi Donald Trump, reprenant un argument qu'il martelait déjà avant la confirmation de la mort du journaliste.
Une réaction jugée trop tiède. Le ton du président américain contraste avec celui de la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, qui a exigé samedi une enquête "approfondie, crédible et transparente" sur cette mort "extrêmement troublante". Le ministère britannique des Affaires étrangères avait, lui, appelé à ce que les "personnes responsables de cet acte horrible soient jugées". Plusieurs élus républicains se sont jurés de ne pas laisser cette mort impunie. Le Congrès américain a le pouvoir de bloquer des ventes d'armes et d'imposer des sanctions. Mais toute initiative devra attendre au moins les élections du 6 novembre, les séances des deux chambres étant suspendues jusque-là.