Après l'opération militaire lancée par la Turquie dans le nord de la Syrie contrôlé par les Kurdes, le président russe Vladimir Poutine semble être maître de la situation. Invité d'Europe 1 ce vendredi, Alexandre Orlov, ancien ambassadeur de Russie en France, pendant dix ans, a évoqué la situation syrienne. "Poutine n'est pas le maître mais il a toutes les cartes pour peser sur la situation au Proche-Orient. C’est la première fois dans l’histoire que la Russie a de bonnes relations avec pratiquement tous les pays de la région. Il vient de faire une visite d'État en Arabie saoudite, par exemple. Mais il a également de très bonnes relations avec Israël", a insisté Alexandre Orlov au micro d'Europe 1.
"Pour avoir une paix stable dans la région, chaque pays doit se sentir en sécurité"
L’ancien ambassadeur a assuré que Recep Tayyip Erdogan, le président turc, n’avait jamais demandé le feu vert de Moscou pour lancer son offensive. "Il a bien sûr informé Poutine et les autorités russes de prochaines offensives puisqu’il existe le processus d’Astana qui réunit les dirigeants turcs, russes et iraniens", a-t-il toutefois nuancé. Mais d'après lui, Vladimir Poutine aurait tenté de dissuader son homologue turc : "Il a dit à Erdogan de faire attention, qu'il comprenait ses soucis de sécurité mais qu'il fallait que sa réaction soit proportionnelle. Je pense que sur place, les choses sont toujours beaucoup plus compliquées qu'elles n'en paraissent".
"Pour avoir une paix stable dans la région, chaque pays doit se sentir en sécurité. Erdogan a une préoccupation vis-à-vis des Kurdes, nous ne partageons pas cela mais c’est son analyse. Nous pensons que la meilleure façon de garantir la sécurité de la Turquie c’est que cette région-là soit contrôlée par la Syrie, par Damas. Pour nous, la base de tout accord de paix au Proche-Orient, c’est l’intégrité territoriale de la Syrie et sa souveraineté. Je pense que quand Poutine et Erdogan vont se voir, Poutine va lui rappeler que ce qu’il fait ce n’est pas la meilleure façon de garantir cette souveraineté", a analysé Alexandre Orlov. À titre personnel, il s'est dit favorable à la formation d'un État kurde même si, d'après lui, "la communauté internationale n'est pas prête". "Il faut commencer par l'autonomie", estime-t-il.
"La Russie peut apporter un supplément d'âme à l'Union européenne"
Interrogé sur le Brexit, l'ancien ambassadeur russe en France a délivré son analyse de la situation : "Le principal problème de l'Europe, c'est qu'elle ne fait plus rêver. Quand le président Macron a parlé devant les ambassadeurs de France le 27 août dernier, il a dit qu’il fallait relancer le projet européen avec la Russie et non contre la Russie. Car la Russie peut apporter un supplément d’âme à l’Union européenne, ce qui lui manque aujourd’hui".
Alexandre Orlov, qui connaît bien la France, et ce, depuis de nombreuses années, a également réagi à la récente polémique sur le voile. " Ce n’est pas un sujet en Russie. Quand je me promène aujourd’hui dans le rues de Moscou, je vois des femmes avec des voiles et cela ne choque personne. Je crois qu'il ne faut pas trop porter d'attention à ces choses-là, car sinon on a ensuite des problèmes sociétaux", a-t-il conclu.