Le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a mis en garde mercredi contre "un vide constitutionnel" en Algérie, jugeant "irraisonnable" tout idée de "gérer la période de transition" en dehors des institutions.
"Avec le début de (la) nouvelle phase et la poursuite des marches, nous avons déploré l'apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères [...] de mettre à exécution leurs desseins visant à déstabiliser le pays", a ajouté le général Gaïd Salah, selon un communiqué du ministère de la Défense, au lendemain de la nomination contestée d'Abdelkader Bensalah, un pur produit du régime, comme président par intérim.
Un président par intérim très contesté
Peu après sa nomination par le Parlement, conformément à la Constitution, Abdelkader Bensalah a promis un scrutin présidentiel "transparent" d'ici trois mois. En dépit de cet engagement, le président du Conseil de la Nation (chambre haute du Parlement) depuis 17 ans, assimilé au long règne d'Abdelaziz Bouteflika, reste rejeté par la rue et a fait face, mercredi, à de nouvelles manifestations ainsi qu'à un appel à une grève nationale.
Il existe dans les manifestations des "slogans irréalistes visant à [...] détruire les institutions de l'Etat", a déploré le général Gaïd Salah, au centre de l'échiquier politique en Algérie depuis ses prises de parole ayant abouti à la démission d'Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, après des semaines de manifestations. En matinée, des milliers de manifestants, enseignants, étudiants, médecins, gardés par un important dispositif policier, se sont à nouveau rassemblés près de la Grande poste à Alger, cœur de la contestation qui ébranle le pays depuis sept semaines. "Dégage Bensalah!", "Une Algérie libre!", ont scandé les participants.
Des appels à manifester
Selon le site d'information TSA (Tout sur l'Algérie), des manifestations ont également eu lieu dans d'autres villes, notamment à Bouira (sud-est) et Tizi Ouzou (est). Des appels à reprendre la rue avaient essaimé sur les réseaux sociaux dès la veille, après l'entrée en fonctions d'Abdelkader Bensalah comme président par intérim. Les Algériens ont clairement affiché leur refus de voir cette tâche confiée à Abdelkader Bensalah, 77 ans. Partisan d'un 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika il y a deux mois, il est pour eux une incarnation du régime rejeté par la rue.