Le général Ahmed Gaïd Salah, puissant chef d'état-major de l'armée algérienne, pilier du régime depuis 1962, est décédé, a annoncé lundi la télévision publique, sans donner dans l'immédiat les causes du décès.
Sur le devant de la scène après avoir arraché en avril la démission du président Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah était le visage du haut commandement militaire, qui a assumé ouvertement la réalité du pouvoir jusqu'à l'élection le 12 décembre d'Abdelmadjid Tebboune comme nouveau chef de l'État.
Trois jours de deuil national
"Le vice-ministre de la Défense, chef d'état-major de l'armée est mort lundi matin d'une crise cardiaque", a annoncé une présentatrice de la télévision nationale Algérie 3, donnant lecture d'un communiqué de la présidence de la République.
Le président Tebboune a décrété trois jours de deuil national et a chargé le général Saïd Chengriha, commandant des Forces terrestres, d'assurer l'intérim, a poursuivi le présentateur.
Né le 13 janvier 1940, engagé dès l'âge de 17 ans au sein de l'Armée de libération nationale (ALN) combattant le pouvoir colonial français selon sa biographie officielle, Ahmed Gaïd Salah était l'un des derniers représentants au sein de l'armée des anciens combattants de la Guerre d'indépendance, un passé dont les dirigeants algériens ont longtemps tiré leur légitimité.
Un ancien proche de Bouteflika
Nommé chef d'état-major de l'armée en 2004 par le président Bouteflika, il détient le record de longévité à ce poste. Il fut un indéfectible soutien d'Abdelaziz Bouteflika tout au long de sa présidence, avant d'obtenir sa démission en avril pour tenter de calmer le mouvement ("Hirak") de contestation populaire né un mois plus tôt de la volonté du président sortant de briguer un cinquième mandat.
Mais le général Gaïd Salah était vite devenu très impopulaire au sein du mouvement en apparaissant comme le garant de la survie du "système" qui dirige l'Algérie depuis 1962 et dont le "Hirak" entend obtenir le démantèlement.
Son décès survient 11 jours après une présidentielle qu'il avait tenu à organiser le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, malgré l'opposition farouche du "Hirak" qui voyait ce scrutin comme une manœuvre du "système" pour se régénérer. Le général Gaïd Salah était encore présent jeudi dernier pour la cérémonie d'investiture de Abdelmadjid Tebboune comme nouveau président de la République.