Depuis l’annonce de sa candidature à un cinquième mandat, l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika fait l’objet de toutes les spéculations. Le président algérien, en proie à une contestation populaire inédite depuis son accession au pouvoir en 1999, est hospitalisé depuis fin février à Genève pour "des examens médicaux périodiques". Très diminué par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef d’État de 82 ans ne s’est depuis plus adressé publiquement à ses concitoyens et n’apparaît qu’à de très rares occasions. Si la présidence algérienne assure que son état de santé "n’inspire aucune inquiétude", des informations parues dans la presse suisse livrent une toute autre version.
Un secret d’État. Depuis son accident cérébral en 2013, Abdelaziz Bouteflika renvoie l’image d’un vieil homme mutique, tassé dans un fauteuil roulant. Sa capacité à diriger le pays soulève, forcément, de nombreuses interrogations. La garde rapprochée du président algérien fait pourtant tout pour cadenasser toute information sur son état de santé. Quand il n’est pas hospitalisé à l’étranger, Abdelaziz Bouteflika loge dans sa résidence ultra-protégée de Zeralda, près d’Alger. Une enquête du Point, publiée fin février, décrit un "bunker médicalisé" dans lequel le chef d’État est étroitement surveillé par sa famille, dans une ambiance quasi-paranoïaque.
"Des praticiens chinois assurent la rééducation. Parfois, des spécialistes français ou anglais sont de passage pour certains examens, mais ce sont essentiellement et en permanence des médecins algériens, civils ou militaires - pour des raisons de secret défense, on ne laisse pas les étrangers trop longtemps dans la résidence -, qui assurent le bon déroulement des soins, sous la surveillance de Zhor Bouteflika, la sœur du président", écrit le magazine.
Un président "sous menace vitale permanente" ? Depuis le 24 février, Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé sous haute surveillance aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), pour y subir officiellement des "examens médicaux périodiques". Selon la Tribune de Genève, le président algérien se trouve "sous menace vitale permanente, en raison de la dégradation de ses réflexes neurologiques". Si le quotidien suisse rapporte que le chef d’État "ne souffre d’aucun mal mortel à court terme", son état de santé se serait dégradé "de manière perceptible" depuis 2016, date de son dernier séjour à Genève.
Le président algérien, qui nécessite des soins constants, présente ainsi de "hauts risques de faire des fausses routes, c’est-à-dire que les aliments peuvent être dirigés vers ses voies respiratoires, ce qui peut entraîner une infection pulmonaire". Pour prévenir tout risque, le corps médical lui administre des cures d’antibiotiques régulières. Abdelaziz Bouteflika souffrirait également d’aphasie, c’est-à-dire une perte partielle de langage. "Il semble réceptif à ce qu’on lui dit, mais on le comprend à peine. Il faut pratiquement lire sur ses lèvres", écrit la Tribune de Genève. Pour se faire comprendre, son équipe médicale lui servirait ainsi d’interprète. De quoi renforcer un peu plus les doutes sur sa capacité à diriger l’Algérie.
Aucune date de retour annoncée. La présidence algérienne, qui a démenti jeudi les informations parues dans la presse, a certifié que les examens médicaux "sont en voie d’achèvement". Pourtant, nul ne sait quand Abdelaziz Bouteflika rentrera en Algérie, aucune date de retour n’ayant été encore annoncée. Face à ce flou, les Algériens ont assailli d’appels les hôpitaux universitaires de Genève, comme le raconte Jeune Afrique. "Il y a 40 millions d’Algériens qui veulent savoir où est le président algérien", a commenté sur Europe 1 le sulfureux homme d’affaires Rachid Nekkaz, candidat déclaré à la présidentielle. Dans l'attente, le secret entourant Abdelaziz Bouteflika reste bien gardé.