L'Allemagne est sous le choc samedi après l'attaque au couteau qui a fait trois morts et des blessés la veille pendant une fête communale à Solingen, dans l'ouest du pays, et dont l'auteur est activement recherché. "Le coupable doit être arrêté rapidement et puni avec toute la rigueur de la loi", a exhorté le chancelier allemand Olaf Scholz, qui s'est dit "bouleversé", sur le réseau X. Une importante opération de police est engagée pour retrouver le suspect qui a pris la fuite après avoir frappé dans la foule. Les motivations du crime restent inconnues, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser assurant samedi que les enquêteurs s'efforcent d'en "déterminer le contexte".
Elle a dénoncé un "attentat brutal" commis vers 21H40 (19H40 GMT) vendredi alors que des milliers de spectateurs étaient rassemblés devant une scène montée dans le centre de Solingen, ville de quelque 160.000 habitants, pour le lancement de plusieurs jours de festivités. "Les victimes et les témoins sont actuellement interrogés", a déclaré la police en début de matinée, faisant état d'un bilan de trois morts et huit blessés dont cinq graves. "Sorti de nulle part, un homme armé d'un couteau a poignardé des gens au hasard et les a tués", a décrit le ministre régional de l'Intérieur Herbert Reul lors d'une visite sur les lieux durant la nuit. "Pourquoi, personne ne le sait. On ne peut rien dire pour l'instant sur le motif, sur la personne", a-t-il ajouté, appelant à la prudence sur la nature de l'attaque. "L'acte horrible de Solingen me bouleverse, il bouleverse notre pays", a déclaré le chef de l'État Frank-Walter Steinmeier.
Un appel à témoins lancé par la police
Les enquêteurs ont appelé la population à lui fournir tout renseignement, y compris des photos et des vidéos, pour aider les recherches. De nombreuses rues du centre de Solingen, commune située non loin de Düsseldorf et au nord de Cologne, étaient bouclées samedi matin, a constaté une correspondante de l'AFP. L'évènement devait célébrer le 650e anniversaire de cette ville du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et sa diversité culturelle. Les festivités prévues jusqu'à dimanche sont annulées.
"Nous sommes tous en état de choc, d'horreur et de grande tristesse", a écrit le maire de cette commune du bassin de la Ruhr, Tim-Oliver Kurzbach. Selon le quotidien local Solinger Tageblatt, peu après 22 heures (20H00 GMT), un membre de l'organisation est monté sur scène pour interrompre le concert. Expliquant que les secours tentaient de sauver la vie de personnes attaquées au couteau, il a invité le public à quitter les lieux, rapporte le journal.
Une double menace
"Les gens ont quitté la place sous le choc, mais dans le calme", a témoigné dans le journal Philipp Müller, l'un des organisateurs. Un témoin affirme également au "Solinger Tageblatt" s'être trouvé à quelques mètres de l'attaque, non loin de la scène, "comprenant à l'expression du visage de la chanteuse que quelque chose n'allait pas".
"Et puis, à un mètre de moi, une personne est tombée", raconte cet homme, Lars Breitzke. En se retournant, il a vu des personnes allongées sur le sol et plusieurs flaques de sang. Les autorités allemandes sont sur le qui-vive ces dernières années face à une double menace terroriste, le jihadisme et l'extrémisme de droite.
En août, la ministre de l'Intérieur avait annoncé vouloir bannir les couteaux de plus de six centimètres de l'espace public, certains membres de la coalition gouvernementale demandant même une interdiction totale, face à la recrudescence d'attaques à l'arme blanche. La coalition du social-démocrate Olaf Scholz affronte dans une semaine des élections régionales clés dans l'est du pays où la formation d'extrême-droite AfD devance très largement les partis au gouvernement.
L'attaque jihadiste la plus meurtrière commise sur le sol allemand remonte à décembre 2016 : un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique avait fait 12 morts, sur un marché de Noël, en plein centre de Berlin. Une autre menace pèse sur le pays, incarnée par l'extrême droite, après plusieurs attaques meurtrières ces dernières années visant des lieux communautaires ou religieux.