Publicité
Publicité

La relativisation du nazisme par l'extrême droite inquiète en Allemagne

Europe 1 avec l'AFP - Mis à jour le . 3 min
Photo d'illustration
Photo d'illustration © Monika Skolimowska / dpa / AFP

Alors que le monde entier commémore avec douleur les 80 ans de la libération des camps de concentration et d'extermination, la résurgence du nazisme en Allemagne et ailleurs inquiète profondément les politiciens et intellectuels allemands.

Quatre-vingt ans après la libération d'Auschwitz, la remise en cause par l'extrême droite de la culture de repentance en Allemagne inquiète dans un pays jusqu'ici hanté par la culpabilité des horreurs du IIIe Reich.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

"L'utilisation de termes et de gestes liés à l'Allemagne nazie évolue vers la relativisation et l'oubli de l'histoire"

Lors d'un meeting samedi de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), crédité par les sondages de la deuxième place aux législatives du 23 février avec 20% des voix, juste derrière les conservateurs, Elon Musk a estimé qu'on mettait trop l'accent sur les fautes du passé en Allemagne.

"Les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs grands-parents", a lancé le milliardaire américain, fervent soutien de l'AfD, parti anti-migrants et nationaliste créé en 2013.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Ces propos et les slogans de l'AfD, deux jours avant les commémorations des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz, symbole du génocide contre six millions de juifs perpétrés par les nazis, ont fait bondir le Premier ministre polonais, Donald Tusk.

"Ils semblaient tous trop familiers et inquiétants", notamment sur "la nécessité d'oublier la culpabilité allemande pour les crimes nazis", a-t-il dit, un jour avant que son pays n'accueille les commémorations dans ce camp où un million de juifs ont péri entre 1940 et 1945, ainsi que plus de 100.000 non-Juifs.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

"Je ne pourrais pas être plus d'accord, cher Donald", a rétorqué sur X le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui participe lundi aux commémorations du camp en Pologne.

Le conseil central des Juifs d'Allemagne, par la voix de son président Josef Schuster, également présent aux cérémonies, avait appelé il y a une semaine l'Allemagne à "se défendre contre la propagande qui s'insurge contre 'le culte de la culpabilité'". Il s'était inquiété de voir "le bras parlementaire de cette propagande, l'AfD, siéger déjà dans les parlements régionaux et au Bundestag".

La suite après cette publicité

"Hitler était communiste"

 

Lundi, la secrétaire d'Etat allemande à la Culture, Claudia Roth, a souligné qu'avec "des témoins d'époque de moins en moins nombreux, la culture du souvenir était confrontée à des défis fondamentaux, à une époque où la désinformation, les théories du complot et les discours de haine peuvent désormais se répandre presque sans limites dans les principaux médias sociaux".

"C'est d'autant plus inquiétant que l'utilisation de termes et de gestes liés à l'Allemagne nazie évolue vers la relativisation et l'oubli de l'histoire", a-t-elle dit. Les propos d'Elon Musk de samedi font écho à la fréquente banalisation du nazisme ces dernières années opéré par des figures de l'AfD.

Ces prises de position détonnent d'autant plus que la culture de la mémoire de la Shoah et de la repentance constituait jusqu'ici l'un des piliers de l'Allemagne d'après-guerre. A l'Ouest du moins puisque, dans l'ancienne Allemagne de l'Est, les dirigeants s'estimaient avoir aussi été victimes d'Hitler, en raison des poursuites du régime nazi contre les communistes.

Dès 2018, le dirigeant de l'AfD d'alors, Alexander Gauland, né en 1941 et qui a grandi en RDA, a minoré l'importance du IIIème Reich, jugeant qu'Adolf Hitler et les nazis n'avaient été que du "pipi de chat" ("fiente d'oiseau" littéralement en allemand, ndlr) dans une histoire germanique millénaire. Des propos jugés "honteux" à l'époque par la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel.

Le chef de file actuel de l'aile la plus radicale de l'AfD, Björn Höcke, qui a imposé l'extrême droite comme première force en Thuringe (est) lors d'un scrutin régional en septembre, a été condamné à deux reprises, en mai et juillet, pour avoir délibérément utilisé, dans des occasions distinctes, un slogan national-socialiste.

Et la candidate à la chancellerie de l'AfD, Alice Weidel -dont la famille paternelle fait partie comme celle de Björn Höcke des Allemands expulsés des territoires de l'Est après la Seconde Guerre mondiale- a récemment revisité l'histoire, en estimant carrément qu'"Hitler était communiste". "Il se considérait lui-même comme un socialiste", a-t-elle asséné lors d'un débat sur X avec Elon Musk, le 10 janvier.

Cet article vous a plu ? Vous aimerez aussi...
Recevoir la newsletter International
Plus d'articles à découvrir