Vingt-quatre heures pour trouver un gouvernement ou plonger dans l'inconnu : Angela Merkel engage mardi un ultime bras de fer avec les sociaux-démocrates allemands dans l'espoir de former une coalition et sortir le pays de l'impasse politique.
Dernière journée de négociations. Cette fois, plus d'atermoiement possible. Après des semaines de valse-hésitation, de multiples reports ces derniers jours, les conservateurs de la chancelière et le SPD doivent trancher car ils se sont fixés la fin de journée comme date-butoir finale. "Nous avons absolument besoin de la journée" de mardi compte tenu des désaccords persistants, a déclaré un des négociateurs du parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière, Daniel Günther.
Malgré tout "je reste optimiste sur le fait que nous y arriverons mardi", a-t-il ajouté. Une proche d'Angela Merkel, Julia Klöckner, n'a pas exclu elle une conclusion des tractations dans la nuit, avec présentation d'un contrat de coalition complet mercredi.
Seule porte de sortie : un accord avec les sociaux-démocrates. Après quatre mois d'impasse post-électorale inédite depuis la guerre dans la première économie européenne, la chancelière est dos au mur. Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l'extrême droite, n'ont pas permis de dégager une majorité claire à la chambre des députés.
Après un premier échec pour former une coalition hétéroclite avec les Libéraux et les écologistes en novembre, Angela Merkel est réduite à expédier les affaires courantes depuis octobre et a vu son étoile pâlir sur la scène internationale. Elle doit à présent s'entendre avec les sociaux-démocrates pour espérer un quatrième mandat.
Obtenir des concessions visibles. Les sociaux-démocrates, de leur côté, doivent à tout prix obtenir des concessions visibles pour prix de leur alliance, sous peine de voir leur base rejeter au final l'accord de coalition. Car en cas d'accord avec les conservateurs, les 440.000 militants du parti auront le dernier mot lors d'un vote interne qui pourrait s'achever début mars. Et ils restent très divisés sur l'opportunité même d'une nouvelle coalition avec les conservateurs, avec qui ils ont déjà gouverné dans les périodes 2005-2009 et 2013-2017.
Un quatrième mandat d'ores et déjà compliqué. S'ils devaient rejeter l'accord, la chancelière devrait soit se résoudre à un instable gouvernement minoritaire, soit accepter l'organisation de nouvelles élections à hauts risques qui pourraient profiter avant tout à l'extrême droite. Chacun des deux scénarios serait une première en Allemagne depuis 1945.