L'armée israélienne annonce ce samedi se préparer à "une semaine" de raids sur la bande de Gaza, où les échanges de tirs avec le Jihad islamique palestinien ont déjà fait une dizaine de morts côté palestinien. La pire flambée de violence entre les deux ennemis depuis une guerre-éclair l'an dernier a déjà privé la petite langue de terre coincée entre l'Égypte, la Méditerranée et Israël et ses 2,3 millions d'habitants de leur unique centrale électrique. Elle "a cessé (de fonctionner) en raison d'une pénurie" de carburant, a indiqué samedi la compagnie d'électricité après que l'État hébreu a bouclé ses passages frontaliers ces derniers jours, interrompant de fait les livraisons de diesel.
D'un côté de la frontière, les alertes aux roquettes continuent de retentir dans des localités israéliennes adjacentes au territoire palestinien. De l'autre, la ville de Gaza est comme paralysée, entre rues désertes et magasins fermés. Et aucune issue ne semble poindre. Un porte-parole militaire israélien a assuré que l'armée "ne mène pas actuellement de négociations en vue d'un cessez-le-feu". Plus tôt, pourtant, des responsables égyptiens avaient indiqué à l'AFP à Gaza que Le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s'efforçait d'établir une médiation et pourrait accueillir une délégation du Jihad islamique dès samedi.
L'armée israélienne assure viser des sites appartenant au Jihad islamique. Quinze de ses combattants ont été tués depuis vendredi après-midi, estime l'armée, tandis que les autorités de Gaza font état de 13 morts, dont une fillette de cinq ans, et de plus de 100 blessés. Les tirs en provenance de Gaza n'ont pour l'heure fait ni victime ni dégât, la plupart des roquettes étant interceptées par le bouclier antimissile, selon l'armée israélienne. La branche armée du Jihad islamique, les brigades Al-Qods, ont affirmé vendredi après avoir tiré plus de 100 roquettes vers le sol israélien qu'il ne s'agissait que d'une "première réponse" à l'assassinat d'un de ses chefs, Tayssir Al-Jabari, dans une frappe israélienne.
Arrestations en Cisjordanie
Dans la nuit, les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par l'État hébreu, 19 membres du Jihad islamique, considéré comme terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne. C'est l'arrestation d'un chef du groupe en Cisjordanie occupée, en début de semaine, qui a mené à cette nouvelle confrontation armée. Les autorités israéliennes, disant redouter des représailles, ont affirmé lancer une "attaque préventive" à Gaza, micro-territoire gouverné par le mouvement islamiste Hamas et où le Jihad islamique est bien implanté.
Il s'agit de la pire confrontation entre l'État hébreu et des organisations armées de Gaza depuis la guerre qui en onze jours en mai 2021 avait fait 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, dont un soldat, d'après les autorités locales. Le Jihad islamique a exclu samedi l'option d'un cessez-le-feu, disant "se concentrer sur le terrain". Après les premiers raids, l'organisation a accusé l'État hébreu d'avoir "déclenché une guerre". Son secrétaire général, Ziad al-Nakhala, a assuré qu'elle se battrait "sans relâche", dans un entretien avec la télévision libanaise Al-Mayadeen, à Téhéran.
"Menace immédiate"
"Israël a mené une opération de contre-terrorisme précise contre une menace immédiate", a déclaré vendredi le Premier ministre israélien Yaïr Lapid à la télévision, accusant le groupe armé d'être "un supplétif de l'Iran" voulant "tuer des Israéliens innocents". "Nous ferons tout ce qu'il faut pour défendre notre peuple", a-t-il assuré. La Ligue arabe a condamné "la féroce agression israélienne", tandis que la Jordanie voisine d'Israël et de la Cisjordanie a "souligné l'importance de mettre fin" à cette "agression".
En 2019, la mort d'un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait donné lieu à plusieurs jours d'échanges de tirs meurtriers entre ce groupe et Israël. Le Hamas, qui a combattu Israël lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s'était lui tenu à distance. L'État hébreu impose depuis 2007 un strict blocus à Gaza, minée par la pauvreté et le chômage.
Depuis mardi, il a en plus fermé tous ses passages frontaliers, contraignant les milliers de Gazaouis titulaires de permis de travail en Israël à rester chez eux. Et empêchant également une cinquantaine de personnes quittant normalement quotidiennement l'enclave pour des soins, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).