"Horrible". C'est le mot employé par Donald Trump pour qualifier l'attaque chimique sur Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d'Idleb, qui a tué au moins 86 personnes, dont 30 enfants mardi. Mercredi, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikky Halley, a clairement menacé d'une action unilatérale en Syrie, en cas d'échec aux Nations unies.
Un message envoyé à la Russie. Devant le conseil de sécurité, Nikky Halley a brandi des photos des enfants tués dans l'attaque. "Regardez ces photos… On ne peut pas fermer nos yeux devant ces photos. Ce gaz, qui est tombé du ciel, était encore plus meurtrier, laissant des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants, cherchant leur tout dernier souffle", s'est-elle émue. "La Russie ne peut pas échapper à ses responsabilités. Si elle avait rempli ses engagements, il n'y aurait plus une seule arme chimique à la disposition du régime. Elle doit maintenant mettre fin à ces atrocités. Combien d'enfants devront encore mourir avant que la Russie ne s'en soucie ?", a dénoncé l'ambassadrice.
Le virage à 180 degrés de la diplomatie américaine. Dans son discours, Nikky Halley a également renvoyé l'Onu à ses responsabilités. "Si les Nations unies échouent systématiquement à agir collectivement, il y a un moment où nous [les Etats-Unis] serons contraints d'agir nous-mêmes." L'administration de Donald Trump a donc décidé de durcir le ton, opérant ainsi un virage à 180 degrés. La semaine dernière, cette même ambassadrice à l'Onu estimait que la chute de Bachar al-Assad n'était plus une priorité américaine. Mais les images de l'attaque chimique ont tout changé. Surtout pour Donald Trump, qui n'est jamais aussi influencé que par ce qu'il voit à la télévision. "Cette attaque hier [mardi] sur des enfants a eu un énorme impact sur moi. J'ai regardé cette chose horrible, et mon attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé", a déclaré le président américain, mercredi.
Une attitude qui a "changé", mais à quel point ? Cette déclaration de Donald Trump est-elle une menace d'action militaire contre le régime syrien ? C'est toute la question désormais. La Maison-Blanche n'a donné aucun détail. En 2013, après une autre terrible attaque chimique, Barack Obama avait envisagé des frappes aériennes contre Damas. Il avait renoncé au dernier moment, préférant une solution diplomatique qui devait priver le régime de son stock d'armes chimiques.