Après 39 ans de recherches, l'une des fondatrices des Grands-mères de la Place de Mai, Maria "Chicha" Mariani, vient de retrouver sa petite-fille, enlevée par un policier à l'âge de trois mois après l'assassinat de sa mère pendant la dictature argentine (1976-1983).
Selfie. Clara Anahi, portée disparue le 24 novembre 1976, devient ainsi le 120e enfant "volé" par la junte à être identifié, a annoncé jeudi la Fondation Anahi, créée en 1989 par Maria Mariani après avoir quitté la présidence des Grands-Mères de la Place de Mai. "Après 39 ans d'infatigables recherches, (Maria) Chicha Mariani et sa petite fille Clara Anahi se sont retrouvées", écrit ainsi sur sa page Facebook la fondation, tandis qu'un selfie immortalisant ces retrouvailles a été posté sur les réseaux sociaux sans toutefois en préciser la date.
Después de tanto tiempo Chicha merecía abrazar a Clara Anahí #Nieta120pic.twitter.com/6RaFND9VLM
— Victoria Donda Perez (@vikidonda) 24 Décembre 2015
"Me reconnaître dans ton regard". Clara Anahi, dont la photo bébé a été diffusée pendant des décennies à chacun de ses anniversaires, a de son côté fait preuve de "persévérance pour trouver le moyen d'arriver jusqu'à sa grand-mère et de s'assurer à l'aide d'analyses de leur lien génétique", désormais "établi à 99,9%", selon la même source. "A 91 ans, mon vœu le plus cher est de t'embrasser et de me reconnaître dans ton regard, cela me ferait plaisir que tu viennes jusqu'à moi", avait écrit dans une lettre Maria Mariani en mars dernier.
Clara Anah
Ses parents assassinés. Le 24 novembre 1976, Clara Anahi a été enlevée par un policier en voiture, après l'assassinat de sa mère au cours d'un raid des forces de sécurité à leur domicile à La Plata, à 60 km au sud de Buenos Aires. Daniel Mariani, le fils de Maria "Chicha", qui n'était pas présent au moment de cet assaut, a quant à lui été tué par balle huit mois plus tard.
Retrouver un maximum de petits-enfants. Les Grands-mères de la Place de mai, une organisation fondée en 1977, en pleine dictature, s'activent depuis de longues années à rechercher ces petits-enfants portés disparus. Elles estiment que 500 bébés d'opposants politiques, enlevés à leur mère ou nés en captivité, ont ensuite été adoptés par des dignitaires du régime militaire, responsable de la mort ou de la disparition de 30.000 personnes. Nombre de ces enfants ont été élevés par des parents qu'ils pensaient être leurs géniteurs.