Cesare Battisti, ex-activiste d'extrême gauche italien condamné à la détention à perpétuité en Italie pour quatre meurtres, a été livré par la Bolivie aux autorités italiennes et était en route dimanche pour Rome où il doit être emprisonné. L'avion qui doit le ramener en Italie a décollé vers 17H locales (21H GMT) de l'aéroport international de Santa Cruz. C'est dans cette ville que Cesare Battisti, en cavale depuis un mois, avait été capturé samedi soir.
Le ministère de l'Intérieur italien a confirmé peu après que l'appareil - un Falcon 900 siglé du drapeau italien - avait bien décollé de Santa Cruz avec Cesare Battisti à son bord. L'annonce s'accompagne d'une photo de l'ex-militant gauchiste assis dans l'avion, apparemment sans menottes, une couverture sur les jambes. "L'avion avec Cesare Battisti vient de décoller en direction de l'Italie: je suis fier et ému !", s'est félicité le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini sur Twitter.
Aereo con #CesareBattisti decollato adesso direzione Italia: sono orgoglioso e commosso! pic.twitter.com/lWWWZkubsl
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 13 janvier 2019
Il doit être placé dans une prison à Rome. Dans un entretien à la télévision italienne Rainews24, le ministre a expliqué dimanche que le Brésil ne prévoit pas de peines à perpétuité. Dans le passé un accord avait donc été signé avec ce pays prévoyant de réduire la peine à 30 ans de prison, l'Italie préférant faire ce compromis pour récupérer le fugitif. Ceci n'est toutefois plus d'actualité avec une expulsion depuis la Bolivie. Il doit être placé dans la prison de Rebibbia à Rome.
Les geôles italiennes attendent Cesare Battisti "non pas à cause de ses idées politiques, mais bien pour les quatre crimes qu'il a commis ainsi que pour divers délits liés à la lutte armée et au terrorisme", a commenté le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.
Condamné pour homicides durant les "années de plomb". Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres dans les années 1970 - les "années de plomb" en Italie -, Cesare Battisti, 64 ans, vivait en exil au Brésil depuis 2004, après avoir passé près de 15 ans en France. L'Italien avait refait sa vie dans ce pays où il a un jeune fils mineur de mère brésilienne, une paternité sur laquelle il comptait d'ailleurs pour le protéger légalement d'une extradition du Brésil. Il a toujours clamé son innocence.
En 2010, Battisti dernier avait bénéficié d'une décision du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, du Parti des Travailleurs (PT), qui avait bloqué son extradition vers l'Italie pourtant autorisée par la Cour suprême. Le 13 décembre, un juge de la Cour suprême du Brésil avait ordonné l'arrestation de Cesare Battisti "en vue d'une extradition". L'acte d'extradition avait été signé le lendemain par le président conservateur Michel Temer, auquel Jair Bolsonaro a succédé le 1er janvier. Mais les autorités brésiliennes avaient ensuite perdu sa trace.