La ligne de front s'est embrasée à 18h vendredi, alors que le dernier rayon de soleil s'éteignait sur l'immense plaine de Baghouz. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé l'assaut final contre le dernier fief des djihadistes dans l'Est de la Syrie après l'évacuation, par une longue piste de terre qui mène au centre-ville, de plusieurs milliers de personnes (civils retenus en otages, blessés les plus graves, familles de djihadistes fuyant la mort) de l'enclave djihadiste.
Les miliciens des forces démocratiques syriennes, fers de lance de l'offensive. Ce corridor humanitaire, ouvert par les combattants kurdes comme une invitation aux djihadistes de Daech à se rendre, sert désormais d'axe principal à l'assaut lancé contre le dernier réduit territorial du groupe Etat islamique. Au sol, les miliciens des forces démocratiques syriennes, kurdes pour la plupart, sont les fers de lance de l'offensive. Ils sont appuyés par quelques tribus arabes, soutenues et conseillées par une centaine de commandos des forces spéciales occidentales.
Des positions djihadistes bombardées. Dans le ciel se relaient en permanence les chasseurs bombardiers de la coalition. Leurs puissants réacteurs grondent au dessus des nuages. Au loin, l'explosion de leurs bombes guidées avec précision sur les principaux points de défense des djihadistes : des casemates coiffant des tranchées reliées à des abris par de profonds tunnels. Dans ces positions seraient entassés depuis des mois entre 1.000 et 1.500 terroristes selon les estimations très parcellaires des officiers kurdes.
Aucun pronostic sur la durée des combats. La bataille qui commence sera dure et les Forces démocratiques syriennes ne font aucun pronostic sur la durée des combats. Mais ils ont une certitude, quelque soit le temps que cela prendra, l'offensive se conclura sur une défaite militaire de Daech.
"Le conflit est loin d'être terminé". Déclenchée le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie, qui s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de plusieurs acteurs, a fait plus de 360.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes. Le coup d'envoi de cette ultime bataille marque le début de la fin territoriale du groupe djihadiste mais "le conflit est loin d'être terminé", a estimé jeudi devant le Conseil de sécurité le nouvel émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen. "Des pans entiers du territoire continuent d'échapper au gouvernement" et l'EI "peut renaître de ses cendres",a-t-il averti.