Des jeunes très diplômés, entre 25 et 35 ans, et leurs chauffeur et guide expérimentés. Le profil des huit victimes de l'attaque au Niger se précise, deux jours après que les assaillants ont arrêté leur véhicule dans la région de Kouré. Pour la plupart, leur parcours montre un engagement humanitaire important. Ils faisaient en revanche partie de l'organisation humanitaire depuis assez peu de temps.
Très investis dans l'humanitaire…
Certains avaient des projets humanitaires bien établis, comme Léo, le plus jeune, qui avait 25 ans, selon Le Parisien. Après un semestre de formation au siège d'Acted à Paris, il venait d'être envoyé en temps que "volontaire", au bureau de l'ONG à Niamey, où il s'était spécialisé en logistique. "Il devait être diplômé en 2021...Nous sommes endeuillés par cette nouvelle tragique", a déclaré dans un communiqué son école la Business School of Rennes. Myriam, originaire de Toulouse, avait elle rejoint l'ONG depuis deux ans. Elle avait d'abord travaillé à Paris, en Tunisie, au Tchad et évoluait depuis deux mois au Niger.
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Stella, 28 ans, était à Acted depuis peu. Elle avait travaillé pour Oxfam en République Centrafricaine et venait de rejoindre l'ONG. Originaire de Montpellier, elle avait suivi une formation à l'humanitaire à l'institut Bioforce. En 2020, elle avait rejoint Reach, un programme d'analyse de données humanitaires lancé par Acted et par son organisation sœur, Impact.
Originaire de Carhaix en Bretagne, Antonin, 26 ans, était normalien, chercheur en économie environnementale et chargé de TD dans une université parisienne. Titulaire d'un master en économie, il était engagé dans le développement international. "C'était un jeune homme merveilleux, brillant et très dévoué aux questions de développement économique de pays en difficulté. Il trouvait cela plus épanouissant certainement que la matière économique, même s'il était un excellent universitaire", témoigne auprès de l'AFP son professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Insea), Geoffrey L. Barrows.
… ou passés par des postes institutionnels
Charline et Nadifa venaient de rejoindre Acted. Nadifa, trentenaire, préparait une thèse sur le commerce des armes à l'université d'Aix-Marseille. C'était une élève très appliquée, selon son professeur. Elle avait aussi travaillé au service financier du ministère des Armées ainsi qu'au service du commissariat des Armées.
Charline, 30 ans, avait un doctorat en gestion et a occupé pendant deux ans un poste à l'Ambassade de France au Nigeria avant son départ au Niger. Elle a par ailleurs milité au Parti socialiste, soutenant notamment la candidature de Benoît Hamon à la présidentielle en 2017. L'ancien candidat lui a rendu hommage sur Twitter.
Charline Fouchet s'était engagée à mes côtés lors de l'élection présidentielle. Ses convictions l'avaient amenée à poursuivre son engagement dans l'action humanitaire au Niger. Elle a été assassinée par des terroristes sans foi ni loi. Mes pensées sincères vont aux siens. pic.twitter.com/unaGR5RGIF
— Benoît Hamon (@benoithamon) August 10, 2020
Deux Nigériens de 50 ans
Les deux Nigériens, eux, étaient bien plus âgés et expérimentés. Le chauffeur d'Acted, Boubacar Garba Soulay, avait 50 ans et quatre enfants. Il en attendait un cinquième. Quant à Kadri Abdou Gamatche, il était président l'Association des Guides des Girafes de Kouré, et "guide engagé et militant sur la zone girafes de Kouré depuis le début. Il a toujours eu conscience de l'importance à œuvrer pour la sauvegarde des dernières girafes d'Afrique de l'Ouest", a salué son association sur sa page Facebook.
Il était guide depuis 21 ans, donc depuis l'arrivée des premiers troupeaux de girafes dans la zone. Il avait 51 ans, était marié à deux femmes et père de 13 enfants.