Le Kremlin a accusé mardi les Etats-Unis et leurs alliés de "refuser de regarder la réalité en face" au sujet de l'attaque chimique attribuée au régime syrien à Douma, dans la région de la Ghouta orientale. La Russie va de plus déposer à l'ONU une résolution demandant une enquête. "Nous déposerons aujourd'hui un projet de résolution qui exigera une enquête", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ajoutant que Moscou souhaiterait "que les experts indépendants de l'OIAC" participent à cette enquête. Le secrétaire général de l'ONU a appelé, de son côté, à une enquête "impartiale".
"Position non constructive". Pour que "les enquêteurs de l'Organisation internationale sur les armes chimiques (OIAC) remplissent leurs obligations", ils doivent "nécessairement se rendre sur place", a poursuivi Sergueï Lavrov. Selon lui, les forces russes en Syrie et le régime syrien sont en mesure de garantir la sécurité des inspecteurs de l'OIAC.
"Vous voyez la position non constructive adoptée par quelques pays, dont les Etats-Unis. Ils refusent de regarder la réalité en face", a dénoncé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant que "personne parmi eux ne parle de la nécessité de mener une enquête impartiale". "Faire des raccourcis et énoncer des verdicts sans aucune enquête est une vieille tradition" des Occidentaux, a-t-il ajouté, précisant que si la menace d'une réaction forte de Washington "réduit certainement la marge de manœuvre pour des efforts diplomatiques, ça ne veut pas dire que la partie russe à l'intention d'arrêter son travail actif dans la sphère diplomatique".
Menace d'une riposte militaire. Le président américain Donald Trump a fait planer la menace d'une riposte militaire contre le régime syrien après cette attaque qui a fait au moins 40 morts, selon les Casques blancs, des sauveteurs syriens en zone rebelle, et une ONG américaine. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a de son côté estimé que la situation est "sérieuse" et accusé Washington de diffuser de "fausses informations pour trouver un prétexte" à une action militaire. "Nous appelons les Occidentaux à renoncer à la rhétorique guerrière", a déclaré lundi soir à l'ONU l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, mettant en garde contre de "graves conséquences" en cas d'action armée occidentale et rappelant que selon Moscou "il n'y a pas eu d'attaque chimique" à Douma.
Le spectre d'une riposte militaire a aussi été ravivé lundi après des tirs de missiles contre la base militaire T-4 du régime, dans le centre de la Syrie. Mais c'est Israël qui a été accusé par Damas et ses alliés russe et iranien pour cette attaque ayant fait 14 morts.