Le casino de Manille a-t-il été la cible d’une attaque terroriste vendredi ? Les autorités des Philippines étaient toujours dans l’incertitude samedi, alors que le groupe État islamique a revendiqué l’attentat. Les autorités ont en effet affirmé samedi n'avoir toujours pas identifié l'auteur de l'attaque qui a fait 37 morts et une cinquantaine de blessés, à l'hôtel-casino Resorts World Manille.
Que s’est-il passé ?
Les images de la vidéosurveillance du casino montrent l’homme masqué faire irruption dans le Resorts World Manille. L’homme pénètre dans une salle de jeu et semble tirer en l’air et non sur les clients du casino. Un écran de télévision géant est d’ailleurs touché. Il verse de l’essence sur une table de jeu qu’il incendie. Il se rend ensuite dans un local protégé où sont entreposés des jetons qu’il dérobe. L’homme vole pour quelque 2,3 millions de dollars de jetons. Des gardes de sécurité qui sont venus lui faire face ont échoué à le stopper et l'un d’entre eux a été blessé.
L’assaillant se dirige ensuite vers la partie hôtel du complexe. Là, il met le feu à plusieurs chambres, sans doute pour faire diversion alors qu’il tentait de fuir, selon les services de sécurité de l’hôtel. 37 personnes ont été tuées dans l'incendie, et des dizaines d’autres ont été blessées notamment dans une bousculade qui s’est produite quand les clients pris de panique ont tenté de fuir les lieux. Touché par des balles des agents de sécurité, l’homme a fini par se suicider dans une chambre de l’hôtel en s’immolant, son corps carbonisé a été retrouvé cinq heures plus tard.
Des versions contradictoires
Dans les heures qui ont suivi l’attaque vendredi soir, les autorités ont présenté des versions contradictoires à la presse. Le chef de la police nationale a d’abord déclaré qu’il s’agissait probablement d’un cambriolage et que l’homme avait été abattu par la police. Il a ensuite rectifié en indiquant que le tireur s’était "brûlé vif dans une chambre de l’hôtel". Le chef de la police nationale a précisé que l’homme "parlait anglais, il est grand et il est blanc, donc c'est probablement un étranger".
En revanche, le chef de la police de Manille a assuré samedi ne pas connaître l’identité de l’assaillant. Il a ajouté de la confusion en indiquant que la police tenait "le chauffeur de taxi" qui a déposé l'homme devant l'hôtel-casino, alors que le chef de la police nationale et d'autres chefs de la police avaient répété vendredi que les caméras de surveillance montraient que l'homme était arrivé au volant d'une voiture et qu'il avait garé sa voiture au parking.
Terroriste ou cambrioleur ?
Un terroriste selon Daech. Dans un communiqué de revendication de l’attaque vendredi, Daech affirme que "le frère Abou al K. (...) a infiltré un rassemblement de chrétiens armé de son fusil d'assaut au Resorts World Manille aux Philippines, où il a semé la mort et l'humiliation avant de finir en martyr".
Un "loup solitaire" selon le président du Parlement. Une version que le président de la Chambre des représentants, Pantaleon Alvarez, a fait sienne samedi : "C'est un exemple évident d'attaque terroriste menée par un 'loup solitaire' visant des civils pour infliger un maximum de pertes et de dégâts, comme cela s'est produit dans d'autres pays", a dit l'élu dans un communiqué, contredisant ainsi la version policière.
Un cambrioleur selon la police. Depuis vendredi, les autorités policières présentent en effet l’assaillant comme un cambrioleur souffrant de troubles psychologiques, dont le cambriolage à main armée a viré au drame. Le président des Philippines lui-même, Rodrigo Duterte, a démenti samedi que l'auteur était un terroriste ayant agi au nom de Daech. "Ce n'est pas l'œuvre de l'EI", a-t-il dit à la presse lors d'un déplacement. "Ce que fait l'EI est plus cruel et brutal, ils tuent les gens pour rien", explique-t-il.
Et le président philippin de s’appuyer sur le vol de quelque 2 millions de dollars de jetons par l’assaillant : "À quoi cela sert-il de voler des trucs en plastique dont vous ne pourrez rien faire ?", s'est-il interrogé. "Ce type était fou", a-t-il martelé. "Ils peuvent revendiquer l'attaque, mais les preuves à ce stade ne le confirment pas", a nuancé un porte-parole du président.
L'attaque du casino est intervenue alors que des combats qui avaient vendredi fait au moins 175 morts en onze jours, se poursuivaient dans le sud du pays entre l'armée et des combattants liés à Daech retranchés dans la ville à majorité musulmane de Marawi. Le président a imposé la loi martiale la semaine dernière dans la région afin de réprimer cette insurrection islamiste. Selon des analystes, Daech tenterait d'établir une "province" dans le secteur dans le cadre de ses tentatives d'instaurer un "califat" en Asie du Sud-Est, à l'instar de l'Irak et de la Syrie.