40 français tués par les terroristes du Hamas. Ce bilan est le plus lourd concernant des Français depuis l’attentat de Nice en juillet 2016. 56 jours plus tard, elles doivent se contenter d’un simple communiqué de presse et d’une promesse de réunion dans les semaines qui viennent au parquet national antiterroriste. Si la justice française avance, il est possible de dire que c’est aussi la faute d’Israël. "Israël est un pays souverain, sa justice n’est pas défaillante", rapporte à Europe 1 une source judiciaire au sein du parquet antiterroriste. Israël entend garder la main, mais la question judiciaire vient heurter des intérêts diplomatiques.
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Une marge de manœuvre assez faible
Pour éviter tout pas de travers, Jean-François Ricard, le chef du parquet antiterroriste, s’est rendu il y a deux semaines à Tel Aviv pour y rencontrer son homologue israélien. Mais sa marge de manœuvre est très faible, voire quasi-inexistante. Concernant l’enquête israélienne, elle n’avance pas idéalement. Il y a deux semaines, Tsahal faisait appel à des archéologues pour identifier les corps des victimes entièrement calcinés. Ils ont cherché pendant des heures des bouts de dents et des ossements dans des cendres munis de tamis et de grattoirs. Malheureusement, les scènes de crimes ne sont pas protégées, et on est bien loin des techniques d’identification criminelle du 21ᵉ siècle.
Pourtant, à Boutcha en Ukraine, il avait été déployé le laboratoire mobile de la gendarmerie française. Un savoir-faire ultra-moderne qui aurait très certainement pu accélérer le processus d’identification et surtout permettre aux proches des victimes d’avoir des réponses beaucoup plus rapides. Pour l’instant, aucun mandat d’arrêt international n’a été délivré, mais ce n’est pas un mandat d’arrêt international qui va pousser un terroriste du Hamas caché dans les sous-sols de la bande de Gaza à se rendre. Ni même qui va permettre de le juger un jour. Certaines familles réclament ces mandats, mais elles se voient refuser cette demande.
"Le temps de la justice n’est pas celui de nos attentes"
"Je sais très bien que le temps de la justice n’est pas celui de nos attentes, de nos impatiences et en particulier celle des familles pour qui chaque seconde est une éternité. La France et la communauté internationale se sont fixées comme objectif de lutter contre l’impunité des crimes les plus graves. Et c’est vrai que de voir les responsables du Hamas libres encore aujourd’hui, en tout cas non poursuivis, par des juridictions, a quelque chose de très choquant", a déclaré Me Zimeray, ancien diplomate et président d’honneur de l’association des victimes du 7 octobre.
C’est aussi ça le rôle de la justice, celui d’user de ses outils, même rouillés, au profit des victimes, quand bien même la société dans son ensemble ne prendrait peut-être pas suffisamment la mesure de ce besoin de justice.