Dès le lendemain de l'attaque, mardi, les enquêteurs britanniques ont identifié le suspect de l'attentat-suicide qui a fait 22 morts, dont des enfants, et une soixantaine de blessés lundi soir à Manchester à la fin d'un concert donné par la pop star américaine Ariana Grande. L'enquête se concentre désormais sur les complices présumés de Salman A. et ses liens avec des groupes terroristes. La police a confirmé mercredi soir avoir procédé au total à l'interpellation de sept personnes en Grande-Bretagne. Le père et le frère du kamikaze ont également été arrêtés, en Libye.
- Que sait-on du suspect ?
Les enquêteurs britanniques ont rapidement identifié le suspect mort sur les lieux : Salman A., un jeune homme d'origine libyenne de 22 ans né à Manchester, qui était déjà connu des services de sécurité. D'après la presse britannique, il serait le troisième enfant d'une fratrie de quatre et aurait fait des études de management à l'Université de Salford, dans l'agglomération de Manchester. Dès mardi, la police a perquisitionné une maison où le jeune homme aurait séjourné, procédant à une "explosion contrôlée" pour avoir accès aux lieux, d'après le Guardian.
Les enquêteurs ont également perquisitionné le domicile d'un des frères de Salman A., Ismaël. Les deux hommes fréquentaient la même mosquée locale de Didsbury dans laquelle le suspect aurait d'ailleurs travaillé en 2013, d'après le Telegraph. Dans le passé, il aurait été accusé d'avoir cherché à y lever des fonds pour les djihadistes, d'après The Sun.
Récemment radicalisé, le jeune homme, qui portait la robe islamique, a voyagé plusieurs fois en Libye. Une information "confirmée" par la ministre de l'Intérieure britannique. Des séjours au cours desquels il aurait pu être entraîné. Un proche de la famille qui vivait lui aussi à Manchester a indiqué à l'AFP que Salman A. se trouvait en Libye avant de se rendre en Grande-Bretagne quatre jours avant l'attentat. Par ailleurs, Salman A. est "sans doute" passé par la Syrie, selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, interrogé sur BFMTV mercredi.
- Quelles sont les pistes explorées par les enquêteurs ?
Des failles dans la sécurité de la salle. D'après les images de vidéosurveillance, le suspect serait entré dans la salle de concert avec un sac dans lequel il aurait dissimulé la bombe. L'introduction de l'engin explosif aurait été permis par un certain relâchement dans les fouilles à l'entrée. Les spectateurs ne seraient pas passés par un détecteur de métaux, et il n'y aurait eu ni palpation ni fouille des sacs, d'après les premiers témoignages. Des images publiées par New York Times montrent un détonateur que le kamikaze aurait tenu dans sa main gauche, des boulons et des billes d'acier jonchant le sol, ainsi que des fragments d'un sac à dos bleu déchiqueté ayant pu contenir les explosifs.
La police a demandé aux spectateurs et aux témoins de lui fournir toutes les images qu'ils ont prises de la scène. Les enquêteurs sont également à la recherche de tout enregistrement de caméra embarquée sur une voiture qui serait passée à proximité de l'Arena lundi soir entre 20 et 23 heures, rapporte NPR.
Un lien avec des groupes terroristes. Les experts estiment que l'engin explosif utilisé lors de l'attaque est trop sophistiqué pour que Salman A. n'ait pas reçu d'entraînement spécifique ou alors qu'il a été fabriqué par une autre personne expérimentée. La ministre britannique de l'Intérieur a expliqué "qu'il semble probable que l'auteur de l'attentat de Manchester n'a pas agi seul". L'étude de l'engin devrait permettre de déterminer si le suspect a pu le fabriquer seul. La BBC affirme de son côté que le jeune homme aurait servi de "mule" en se faisant exploser avec une bombe fabriquée par quelqu'un d'autre. Mercredi, la police britannique a confirmé que l'enquête porte sur un réseau.
Le groupe État islamique a revendiqué l'attaque dès mardi, mais sans préciser si elle avait été téléguidée par ses services. Les services de police tentent de retracer le parcours du suspect dans les mois précédant l'attaque. L'un des enjeux de l'enquête est désormais de savoir si Salman A. avait des liens avec de précédentes attaques et s'il était lié à des groupes terroristes. D'après Gérard Collomb, il avait "en tout cas des liens avec Daech qui ont été avérés." L'exploitation des communications du suspect devrait permettre d'établir s'il a agi seul ou avec un soutien, avance le Telegraph.
- Que sait-on des personnes interpellées ?
Sept personnes arrêtées en Grande-Bretagne. La police britannique a procédé à l'arrestation de sept personnes, qui étaient toutes en garde à vue mercredi soir. Dès mardi soir, les enquêteurs ont interpellé quatre personnes dans le sud de Manchester, dont un homme de 23 ans en lien avec l'attaque et un certain "Adel" d'origine libyenne et âgé de 44 ans. Un homme "en possession d'un paquet" a été arrêté mercredi à Wigan, au nord-ouest de Manchester. Une femme a également été arrêtée mercredi soir à Blackley, un quartier du nord de Manchester. Enfin, une septième arrestation a eu lieu dans la soirée à Nuneaton, une ville du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre. Il s'agit de la première arrestation effectuée hors de la région de Manchester dans cette affaire.
Le frère et le père du kamikaze arrêtés en Libye. Le frère et le père du kamikaze ont également été arrêtés à leur domicile dans la capitale libyenne, Tripoli, a annoncé mercredi une unité des services de sécurité libyens. Le frère du kamikzae, Hachem A., né en 1997 en Grande-Bretagne, "a indiqué qu'il appartenait à l'EI ainsi que son frère Salman A.", affirme sur sa page Facebook la Force de dissuasion, qui fait office de police, loyale au gouvernement d'union nationale (GNA) en Libye.
Il a "admis qu'il se trouvait en Grande-Bretagne durant la période de préparation de l'attentat". "Il s'est avéré qu'il était pleinement au courant des détails de cette opération terroriste", selon le texte accompagné d'une photo présentée comme étant celle de Hachem A. Il a été arrêté mardi soir alors qu'il recevait 4.500 dinars libyens (environ 600 euros) envoyés par son frère Salman. Mercredi, c'est le père du kamikaze, Ramadi A., qui a été arrêté à son domicile à Tripoli, a indiqué un porte-parole de la Force de dissuasion, affirmant ne pas être en mesure de donner plus de détails pour le moment.