La défense de Nacer Bendrer, co-accusé de Mehdi Nemmouche au procès de la tuerie du musée juif de Bruxelles, a demandé vendredi son acquittement, faute de "preuve matérielle" de son implication.
"Absence de preuve matérielle", selon son avocat. "Il n'a pas fourni les armes, la preuve ne vous a pas été apportée. En l'absence de preuve matérielle (...), vous acquitterez Nacer Bendrer", a lancé son avocat Me Julien Blot à l'adresse du jury. Aux yeux de l'accusation, ce délinquant marseillais de 30 ans, ancien compagnon de détention de Nemmouche dans le Sud de la France, est l'homme qui lui a fourni les armes utilisées pour le quadruple assassinat commis le 24 mai 2014.
Bendrer n'aurait pas donné suite à la demande de Nemmouche. L'intéressé a toujours nié, tout comme il a vivement contesté s'être radicalisé en prison aux côtés de Nemmouche. Au cours du procès, Nacer Bendrer a reconnu que le djihadiste, à l'époque tout juste de retour de Syrie, lui avait demandé de lui fournir une Kalachnikov, lors de sa venue dans la capitale belge début avril 2014, quelques semaines avant l'attaque. Mais le Marseillais n'aurait jamais donné suite. Même lorsque Nemmouche est à son tour venu à sa rencontre à Marseille, où il a passé cinq jours du 24 au 29 avril 2014, comme l'a démontré l'enquête.
Selon Me Blot, Mehdi Nemmouche, qui fut détenu pendant cinq ans dans différentes prisons du sud (2007-2012), avait d'autres possibilités pour s'approvisionner en armes que le recours à Bendrer. La preuve : quand il arrive dans la cité phocéenne, "il appelle [Mounir] Attallah", a souligné l'avocat, en référence à un ancien inculpé du dossier ayant, lui, bénéficié d'un non-lieu. "Mais tout ça, ça n'intéresse pas les enquêteurs ! Les armes, c'est Bendrer !", a ironisé le conseil.
Un "beau bandit", selon les enquêteurs. Lors du procès, Nacer Bendrer, élevé dans une cité HLM dans une famille d'origine algérienne, a été décrit par un policier français comme "rompu aux codes de la criminalité", "un beau bandit, comme on dit dans le jargon". Il lui est notamment reproché d'avoir menti dans un premier temps sur l'objet de son déplacement à Bruxelles du 10 au 12 avril 2014.
"Ses mensonges sur ce déplacement, son stock d'armes chez lui, le fait qu'il soit au cœur de la 'téléphonie de guerre' utilisée par Mehdi Nemmouche [avec des changements incessants de cartes SIM] (...), cela nous convainc du rôle central de Nacer Bendrer", avait affirmé le policier français en témoignant à la barre le 24 janvier. Pour les deux procureurs, Bendrer n'est pas "co-auteur" des "assassinats terroristes" reprochés à Nemmouche. Mais il doit être condamné comme "complice". Le verdict doit être prononcé jeudi prochain.