La Somalie, pays en guerre depuis des dizaines d’années, a été une nouvelle fois frappée par l’horreur. Un attentat au camion piégé à Mogadiscio, la capitale, a fait près de 300 morts et des centaines de blessés samedi dernier. "C’est un État qui n’existe plus. Aujourd’hui, si le président règne sur Mogadiscio, c’est déjà beaucoup", a estimé Louis-Magloire Keumayou, journaliste et président du Club de l’information Africaine, interrogé mercredi soir sur Europe 1.
Une histoire tourmentée. "L’État-nation ne s’est jamais installé, des castes, des tribus ont essayé de vivre ensemble mais sans jamais constituer un État. Dès 1960, le premier chef d’État somalien a eu du mal à asseoir son autorité, avant de subir un coup d’État en 1969. Ce coup d’État a été fomenté par Mohamed Siad Barre, qui a dirigé le pays jusqu’en 1991. Mais pendant les dernières années de sa présidence, il a engagé une guerre pour récupérer un territoire à l’Éthiopie. Cela lui a valu d’être lâché par le "parrain" soviétique, qui a pris le parti de l’Éthiopie, et a conduit à sa chute", rappelle Louis-Magloire Keumayou.
"Les guerres ont ruiné l’économie du pays." "Les guerres ont ruiné l’économie du pays et ont fini de déstabiliser le pays. En 1991, la Somalie tombe parce que les rivalités et la situation pourrie dans le pays a conduit à cela. Depuis, les Américains sont intervenus avec l’opération "Restore Hope" pour essayer de restaurer la situation (une mission d’initiative américaine sous mandat de l’ONU en 1992-1993, qui a été un échec, ndlr). Mais elle a débouché sur l’enfer qui a conduit à l’attentat de samedi", a poursuivi le journaliste.
Les shebab pointés du doigt. L’attentat de samedi n’a toujours pas été revendiqué. Mais les autorités et les experts n'ont aucun doute sur la responsabilité des islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda, qui lancent fréquemment des attentats-suicides dans Mogadiscio et ses environs.