Bras de fer à l'ONU après l'attaque chimique en Syrie

Mercredi, la Russie a jugé "inacceptable" la résolution de l'ONU condamnant l'attaque chimique présumée en Syrie, dans laquelle 72 personnes sont mortes.
72 civils ont perdu la vie dans une attaque chimique présumée , mardi, dans la région d'Idleb en Syrie. Une attaque condamnée par la coalition internationale, qui en impute la responsabilité au régime de Bachar al-Assad. Mercredi, cette version a été remise en question par Moscou. Lors de la séance extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies , la Russie a jugée "inacceptable" la résolution de l'ONU condamnant l'attaque chimique présumée en Syrie, perpétrée mardi.
- Le bilan a été revu à la hausse, passant de 58 morts à 72 morts
- Mercredi, la Russie a jugé "inacceptable" en l'état le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité de l'ONU
- Les États-Unis on menacé d'une action unilatérale en cas d'échec à l'ONU
Au moins 72 morts. Le nombre de victimes n'a cessé de s'aggraver au fil des heures : il s'établissait mercredi à 72 morts , dont 20 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. L'OSDH a également fait état de plus de 160 blessés, de "personnes disparues".
Moscou dédouane le régime syrien. "Selon les données objectives du contrôle russe de l'espace aérien, l'aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste", a déclaré le ministère russe de la Défense, mercredi. Il abritait "un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques", a affirmé le ministère, sans préciser si l'aviation syrienne avait frappé volontairement ou par accident cet entrepôt. La Russie a par ailleurs annoncé poursuivre son soutien aux opérations militaires de Damas. De son côté, l'armée syrienne a démenti "catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun".
Signes d'exposition à "des agents neurotoxiques". Mais mercredi, l'OMS a annoncé à Genève que certaines victimes présentent des symptômes évoquant une exposition à une catégorie de produits chimiques comprenant des agents neurotoxiques. Selon l'Organisation mondiale de la santé, l'attaque semble avoir impliqué des armes chimiques, relevant "des signes compatibles avec une exposition à des produits organosphosphorés, une catégorie de produits chimiques incluant des agents neurotoxiques".
L'indignation de la communauté internationale. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont proposé au Conseil de Sécurité des Nations unies une résolution condamnant l'attaque chimique présumée, et appelant à une enquête rapide. Washington, Londres et Paris ont accusé Damas, sans détour . François Hollande a notamment évoqué "la responsabilité" d'Assad dans ce "massacre", dénonçant un "crime de guerre" en Syrie, tandis que la Maison-Blanche a de son côté dénoncé un "acte odieux du régime" de Damas. "C'est un terrible affront pour l'humanité", a ainsi déclaré Donald Trump depuis le Bureau ovale.
Plus prudent, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déploré mercredi que "des crimes de guerres continuent" d'être commis en Syrie, jugeant "horrible" l'attaque "chimique" de la veille. Le gouvernement allemand, quant à lui, "appelle pour la énième fois les gouvernements russe et iranien à faire pression sur leurs partenaires au sein du régime Assad pour que ce dernier mette fin à son action militaire et respecte le cessez-le-feu agréé". De son côté, le pape François a dénoncé un "massacre inacceptable", lors de son audience hebdomadaire au Vatican.
Hollande veut "des sanctions". François Hollande a réclamé des "sanctions" contre le régime syrien de Bachar al-Assad. "Ce que la France a exigé, c'est qu'il y ait une résolution du Conseil de sécurité dans les prochaines heures pour diligenter une enquête et, à la suite de cette enquête, il doit y avoir des sanctions qui seront prises par rapport au régime syrien", a déclaré à la presse le chef de l'État.
Au Conseil de sécurité, Moscou dénonce un projet "anti-syrien". La Russie, elle, a dénoncé en l'état le projet de résolution présenté par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l'attaque chimique présumée . "Son défaut est d'anticiper les résultats de l'enquête et de désigner des coupables", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. "Combien d'enfants devront encore mourir avant que la Russie ne s'en soucie ?", a répondu Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU. "Si la Russie a l'influence qu'elle prétend avoir en Syrie, il faut qu'elle s'en serve", a tonné la représentante américaine en brandissant devant le Conseil de sécurité ce qu'elle a présenté comme étant deux photos de victimes de l'attaque chimique présumée de mardi. Washington a même menacé d'une action unilatérale si l'ONU échouait dans sa mission d'action collective.
La conférence de Bruxelles promet 6 milliards d'aide. La communauté internationale s'est par ailleurs engagée à financer à hauteur de six milliards de dollars l'aide humanitaire fournie en 2017 à la population et aux réfugiés syriens, lors d'une conférence sur l'avenir de la Syrie à Bruxelles.