Le contexte : En août 2015, la coalition menée par l’Arabie Saoudite a mené plusieurs raids aériens, bombardant des écoles. Cinq civils avaient été tués, quatorze blessés dont quatre enfants. Mais la coalition affirme que ses opérations sont uniquement dirigées contre les rebelles et dément viser des civils.
Des écoles "délibérément visées". Dans un rapport intitulé "Nos enfants sont bombardés", Amnesty explique avoir enquêté sur ces cinq frappes aériennes et les conclusions ne font aucun doute. "La coalition sous commandement saoudien a mené une série de frappes aériennes visant des écoles, en violation du droit humanitaire international, et entravant ainsi l'accès à l'éducation de milliers d'enfant", affirme Amnesty International.
L'organisation de défense des droits de l'Homme rappelle que les forces de la coalition sont armées par des pays comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne et demande à tous les Etats de "suspendre tous les transferts d'armements" utilisés pour commettre des "crimes de guerre". Dans certains cas, les écoles ont été touchées plus d'une fois, ce qui donne à penser qu'elles étaient délibérément visées, ajoute l'organisation basée à Londres.
Pas de rôle militaire pour les écoles. Même si aucun écolier n'était présent au moment des attaques, les raids ont provoqué de sérieux dégâts ou des destructions qui auront des conséquences à long terme pour les enfants, déplore Amnesty. Les dégâts ont en effet perturbé l'enseignement pour plus de 6.500 écoliers dans les provinces de Hajjah, Hodeida et de Sanaa. Aucune preuve n'a été trouvée dans les cinq cas, indiquant que les écoles étaient utilisées à des fins militaires. "Les écoles jouent un rôle central dans la vie civile, elles sont là pour offrir un espace aux enfants", a rappelé Lama Fakih, conseillère à Amnesty International.
12.000 bombes américaines. La spécialiste a qualifié de "consternante" la poursuite de transferts d'armements par les Etats-Unis et d'autres alliés de l'Arabie saoudite. En novembre, Washington a annoncé une commande saoudienne comprenant 12.000 bombes de 200 à 900 kg, 1.500 "bunker busters" qui peuvent pénétrer des cibles fortifiées ou souterraines, et 6.300 bombes guidées de type Paveway II et Paveway III. Le contrat est évalué à près de 1,3 milliard de dollars.
Le conflit au Yémen a fait, depuis mars, plus de 5.700 morts, dont près de la moitié de civils, et quelque 25.000 blessés, selon des estimations de l'ONU. Il oppose le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par Ryad et d'autres pays arabes, à des rebelles chiites Houthis soutenus par l'Iran.