Fragilisé par la rupture de son alliance avec l'extrême droite, le chancelier autrichien Sebastian Kurz est à son tour menacé d'une éviction brutale avec le vote, lundi, d'une motion de censure de l'opposition, échaudée par les désastreuses révélations de l'Ibizagate.
La "confiance a disparu"
Le scénario d'une sortie prématurée du dirigeant de 32 ans, après 18 mois de mandat et une semaine de crise politique liée à la publication d'une vidéo compromettante pour le parti extrême droite FPÖ, est devenu de plus en plus vraisemblable au fil du week-end. Dimanche soir, la direction du parti social-démocrate SPÖ a recommandé à ses parlementaires de voter la défiance.
Le FPÖ semble également déterminé à renverser son ancien allié : ses responsables ont multiplié ces derniers jours les attaques contre le chancelier qui les a débarqués sans ménagement du gouvernement. Pour l'ex-chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, acculé à la démission de tous ses mandats après le scandale de l'Ibizagate, exiger le départ du chancelier est "compréhensible et logique". La "confiance a disparu", a lancé le secrétaire général de la formation Harald Vilimsky.
Une motion de censure à l'examen
Le Parlement tiendra une session extraordinaire à partir de 10 heures locales pour examiner la motion portée par un petit parti écologiste d'opposition. Ce serait la première fois, dans l'histoire politique autrichienne, que les députés font chuter le gouvernement. Le FPÖ se réunira juste avant la séance afin de peser le pour et le contre de cette défiance qui signerait sa rupture durable avec le parti conservateur ÖVP de Sebastian Kurz.
La coalition ÖVP-FPÖ a volé en éclats après la diffusion le 17 mai d'une vidéo piège tournée en 2017 sur l'île espagnole d'Ibiza, où Heinz-Christian Strache se montrait prêt à offrir d'importants marchés publics en échange de financements illégaux. La chute de celui qui dirigeait le FPÖ depuis quatorze ans, et occupait le poste de vice-chancelier dans la coalition formée en 2017 avec la droite, a été suivie du limogeage par Sebastian Kurz du ministre de l'Intérieur d'extrême droite, affaibli par de multiples dérapages.
En représailles, les autres ministres FPÖ ont quitté le gouvernement, laissant le parti conservateur seul à la barre, jusqu'aux élections législatives anticipées qui auront lieu en septembre prochain pour tenter de sortir de l'impasse politique.