Bernard-Henri Lévy : "Je ressens une humanité européenne saisie de vertiges"

  • Copié
Anaïs Huet
Dans son spectacle "Looking for Europe", l'écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy exhorte les Européens à chérir leur continent pour ne pas le laisser aux mains des populistes.
INTERVIEW

Actuellement en tournée en Europe avec sa pièce Looking for Europe, Bernard-Henri Lévy se sent investi d'une mission : "Je porte à travers toute l'Europe une parole française, qui parle de la crise de civilisation que nous traversons." Au micro de Nikos Aliagas, vendredi dans la matinale d'Europe 1, l'écrivain et philosophe a expliqué que monter sur scène était pour lui "un acte politique et éthique", à sa manière.

"L'idée de la fin du monde est une perspective historique"

Dans ce spectacle, "BHL" analyse l'origine de la crise que traverse l'Europe, à l'approche des élections. Deux explications selon lui : "D'abord, c'est la première fois dans l'humanité judéo-chrétienne que nous vivons un temps sans espérance. Cela ne s'est jamais produit. Depuis 3.000 ans, les humains occidentaux européens avaient toujours l'impression que demain serait plutôt mieux qu'hier. Cette idée est en train de mourir et ça donne une immense anxiété", observe dans un premier temps l'écrivain. La deuxième explication laisse encore moins de place aux réjouissances : "L'idée de la fin du monde est une perspective historique. Je ressens une humanité européenne saisie de vertiges."

>> De 7h à 9h, c'est deux heures d'info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Nos générations n'ont pas su chérir l'Europe"

Selon Bernard-Henri Lévy, la responsabilité d'un tel marasme européen incombe à tous. "Nos générations n'ont pas su chérir l'Europe, la nourrir, s'en occuper. On a cru qu'elle marchait toute seule, qu'elle allait toute seule vers son destin", fustige-t-il. Résultat, ce sont les populistes à qui les Européens se sont raccrochés. "On a le choix, on est à la croisée des chemins, l'histoire n'est jamais écrite. C'est ceux qui en sont les témoins qui en sont les acteurs", assure-t-il. "Nous sommes tous des grains de sable qui peuvent gripper la machine des Marine Le Pen, des Steve Bannon, ou des Viktor Orban."