Les manifestations sont quotidiennes en Biélorussie, après la réélection d'Alexandre Loukachenko. 1:10
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Jihane Bergaoui, édité par Ariel Guez , modifié à
Une semaine après la réélection d'Alexandre Loukachenko, la colère des Biélorusses ne faiblit pas. Alors que de grandes manifestations sont prévues ce week-end, Europe 1 a recueilli le témoignage d'une Biélorusse et d'un Français sur place. Ils racontent la volonté de changement et la répression que subissent les manifestants. 
TÉMOIGNAGE

L'Union européenne a décidé vendredi de sanctionner la répression des manifestations en Biélorussie. Les chefs de la diplomatie des 27 veulent répondre au plus vite, et avec fermeté, à cette dérive autoritaire et à la répression brutale que subissent les Biélorusses. Car depuis le 9 août et l'annonce des résultats des élections présidentielles, qui ont consacré le maintien au pouvoir avec 80 % des voix d'Alexandre Loukachenko après 26 ans de règne, les Biélorusses osent crier leur mécontentement.

"Les gens sont vraiment contre le régime"

"Pour la première fois en Biélorussie, le peuple sort" dans les rues, se réjouit Natalia au micro d'Europe 1. Cette Biélorusse de 37 ans, qui habite Minsk, la capitale, juge inédite l'ampleur du mouvement de contestation. "Autrefois, c'était toujours à Minsk, maintenant, c'est partout", explique-t-elle. "Les gens sont vraiment contre le régime, 26 ans qu'une personne est au pouvoir. 26 ans ! Ce n'est pas normal."

Des manifestations prévues samedi et dimanche

La principale opposante au régime, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a dû se réfugier en Lituanie, appelle à des rassemblements "de masse" pendant le week-end. "Je demande à tous les maires de se faire les organisateurs les 15 et 16 août de rassemblements pacifiques de masse dans chaque ville" biélorusse, a-t-elle dit dans une vidéo mise en ligne. Partie de Minsk, la contestation s'étend désormais à tout le pays. Marche pacifique, chaînes humaines, piquets de grève : elle mobilise toutes les classes sociales et les manifestants espèrent maintenir le rapport de force.  

"Cette fois-là, les violences sont choquantes"

Mais la tâche ne sera pas simple, tant la répression est rude. "J'ai vu beaucoup de choses en Biélorussie, mais cette fois-là, les violences sont choquantes", témoigne Natalia. Depuis quelques jours, les témoignages de maltraitance et de torture en prison se multiplient. Installé à Minsk pour quelques semaines, Joël, un Français de 24 ans, a été victime de la police Biélorusse. "Je suis juste sorti dans les rues le 9 août au soir, j'ai eu des éclats de grenade sur la poitrine", raconte-t-il au micro d'Europe 1. 

"J'ai eu des éclats de grenade sur la poitrine"

"La répression est très solide, beaucoup de miliciens sortent dans les rues et sont très bien payés par le régime", poursuit Joël, qui pointe aussi le fait que les arrestations peuvent aussi être arbitraires. Un ami biélorusse à lui s'est fait embarquer : "Il n'était même pas en train de manifester. Il était dans un parc avec ses enfants, une voiture est arrivée et a dit 'toi, tu viens'". Le Biélorusse a dû passer 24 heures en prison, "debout les mains en l'air, et à chaque fois qu'il ne tenait pas la position, il recevait des coups de matraque", raconte Joël. 

"Il y a une volonté que ça change et qu'Alexandre Loukachenko s'en aille", résume le Français. Vendredi matin, la diplomatie biélorusse s'était dite prête à un dialogue "constructif" avec l'étranger sur la récente élection présidentielle.