L'Europe s'est penché mercredi sur le cas de la Biélorussie, alors que les manifestations se multiplient dans le pays, pour demander le départ du dictateur Alexandre Loukachenko. Les 27 ont annoncé ne pas reconnaître les résultats de l'élection qui a reconduit l’homme d’Etat au pouvoir, le 9 août dernier. Son opposante, Svetlana Tikhanovskaïa, toujours en exil, leur avait demandé s'adopter cette position.
"Il y a eu des violences intolérables"
"Il semble clair à tous les observateurs que les résultats ne sont pas conformes à ce que le peuple souhaitait à travers cette élection. Bien sûr, nous ne les reconnaissons pas. Deuxièmement, il y a eu des violences intolérables. L’Etat de droit n’est pas respecté", a notamment déclaré mercredi matin, au micro d’Europe 1, Thierry Breton, le Commissaire européen au marché intérieur. L'Europe pourrait désormais étendre les sanctions prises contre Alexandre Loukachenko et les responsables de la répression. À ce stade, il s’agit de restrictions de déplacement ou encore de gels des avoirs financiers, pour l’essentiel des mesures symboliques qui n’auront que peu d’impact sur la situation en Biélorussie et ses dirigeants. Les 27 pourraient, à l’appel de la cheffe de file de l’opposition, aller plus loin.
Réclamer l'aide de l'UE, une stratégie à risque
C’est la première fois que Svetlana Tikhanovskaïa demande l'aide de l’Europe dans ses messages vidéos. Jusqu’à présent, elle ne s’adressait qu’aux manifestants de l’opposition. Pour la chercheuse Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques, il s’agit d’un changement de stratégie à double tranchant. "Elle invite les leaders européens à se prononcer, mais cela donne aussi des billes à Alexandre Loukachenko pour dire qu’il va y avoir une ingérence étrangère dans les affaires du pays", pointe-t-elle. "C’est un élément de justification que met en avant le président aujourd’hui pour recommencer les répressions et demander l’intervention russe, pour le protéger d’une éventuelle intervention extérieure."
De nouvelles manifestations ont été dispersées mercredi matin par la police anti-émeute, alors que la police a confirmé dans la foulée le décès d’un troisième manifestant, atteint d’une balle en pleine tête la semaine dernière.