Boeing a présenté mercredi dans son fief de Renton, devant des centaines de journalistes, pilotes et dirigeants de compagnies aériennes les modifications tant attendues sur le système de vol de son 737 MAX, mis en cause dans deux catastrophes aériennes qui ont fait 346 morts à quelques mois d'intervalle.
Le pilote reprend le contrôle
Boeing a lancé mercredi une offensive de charme pour convaincre que la version corrigée du système anti-décrochage MCAS équipant la flotte des 737 MAX - mis en cause dans ces accidents - était désormais opérationnelle. L'intervention du MCAS sera plus transparente pour l'équipage et les pilotes pourront plus facilement le contourner en cas de problème, a expliqué en substance Boeing, qui va présenter cette nouvelle mouture à plusieurs centaines de professionnels mercredi pour avoir leur avis.
Selon le constructeur, la nouvelle version du logiciel a été soumise "à des centaines d'heures d'analyses, de tests en laboratoires, de vérifications dans un simulateur de vol et à deux vols d'essais, y compris un vol de certification avec des représentants de la FAA (l'agence chargée de donner son feu vert à tout ce qui vole aux États-Unis, ndlr) à bord comme observateurs". Le but est de "réduire la charge de travail de l'équipage dans des situations anormales et d'empêcher le MCAS de s'activer à cause de fausses données", a précisé Boeing. La FAA et d'autres autorités de régulation doivent encore certifier ces modifications, a-t-il indiqué.
Boeing a aussi prévu de mieux former les pilotes aux subtilités du MCAS et du 737 MAX dont les modifications sur les moteurs ont sensiblement changé le comportement.
Des soupçons de collusion
Un peu plus tard dans la journée, Dan Elwell, responsable par intérim de la FAA et qui jusque-là servait de référence dans une bonne partie du monde, va devoir tenter d'expliquer aux sénateurs américains pourquoi la FAA a tardé à prendre la décision de clouer au sol la flotte des MAX après la tragédie d'Ethiopian Airlines. Un Boeing 737 MAX 8 de la compagnie éthiopienne s'est écrasé près d'Addis Abeba le 10 mars, faisant 157 victimes.
Ce délai a fait naître des soupçons de collusion entre l'agence américaine et l'avionneur américain, d'autant que les autorités chinoises et européennes avaient rapidement décidé de ne plus laisser voler ces avions, en raison des similitudes de cet accident avec le crash du 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air le 29 octobre.