L'armée israélienne a intensifié ses frappes sur la bande de Gaza dont l'une a tué dimanche 31 Palestiniens dans le camp de Nousseirat, a indiqué une source hospitalière, à l'heure où un émissaire américain est attendu en Israël pour parler de la guerre qui perdure. Au huitième mois du conflit entre Israël et le Hamas déclenché par une attaque sans précédent le 7 octobre sur le sol israélien, les combats ont repris de plus belle à Jabalia, dans le nord, où le Hamas a repris pied selon l'armée, et se poursuivent à Rafah, dans le sud, d'après des témoins.
Quelque "800.000" Palestiniens ont "été forcés de fuir" Rafah selon l'ONU pour s'entasser notamment à Khan Younès, plus au nord, depuis l'ordre d'évacuation israélien le 6 mai, un jour avant l'entrée des chars israéliens dans l'est de cette ville surpeuplée où la communauté internationale craint pour la population civile. Avant l'aube, une frappe aérienne israélienne a touché la maison de la famille Hassan dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre, ont indiqué l'hôpital al-Aqsa et des témoins. "Nous avons reçu vingt morts et plusieurs blessés", a précisé l'hôpital. Des blessés, dont des enfants, ont été sortis des décombres de l'habitation, a rapporté l'agence palestinienne Wafa.
Dans le nord du territoire palestinien assiégé et dévasté, l'hôpital Al-Ahli Arab a fait état de trois morts dans un raid israélien sur une école abritant des déplacés dans l'est de la ville de Gaza. Des témoins ont rapporté des explosions et des combats continus toute la nuit à Jabalia, après que l'armée a ordonné l'évacuation de quartiers d'où des roquettes ont été tirées sur Israël.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé dimanche un nouveau bilan de 35.456 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. En 24 heures, au moins 70 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué qui fait état de 79.476 blessés en plus de sept mois de guerre.
Les informations à retenir :
- L'armée israélienne a intensifié ses frappes sur la bande de Gaza
- 31 personnes sont mortes dans le camp de Nousseirat, bombardé par l'armée israélienne
- "800.000" Palesitiniens ont "été forcés de fuir" Rafah pour s'entasser à Khan Younès depuis le 6 mai, selon l'ONU
- Un nouveau bilan du Hamas fait état de 35.456 morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre
"Contre une superpuissance ?!"
Début janvier, Israël avait annoncé avoir neutralisé le Hamas dans le nord du territoire palestinien, mais selon l'armée, le mouvement a repris pied à Jabalia entraînant une nouvelle opération au sol de ses soldats. "J'en appelle à tous ceux qui ont une once d'humanité. Des massacres ont lieu ici. Des enfants sont déchiquetés. Quelle est la faute de ces enfants et femmes ? Je ne comprends pas, vous pensez que vous vous battez contre une superpuissance ? Je jure que ce sont les civils qui meurent", a lancé à l'AFP Abou Nabil, un habitant de Jabalia.
Dans le sud de la bande de Gaza, l'armée a annoncé intensifier ses opérations à Rafah avec l'objectif affiché d'y anéantir les derniers bataillons du Hamas. Les combats ont principalement lieu dans le secteur est. Premier soutien d'Israël, les États-Unis, qui s'opposent aussi à une offensive d'ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël, ont mené une attaque qui a tué plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages durant l'attaque, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée. Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé des bombardements intenses sur le petit territoire surpeuplé, soumis avant le siège à un blocus israélien pendant plus de 15 ans, puis une offensive terrestre. Bilan : au moins 35.386 morts la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, des destructions colossales et une catastrophe humanitaire avec les quelque 2,4 millions d'habitants menacés de famine d'après l'ONU.
Dissensions
La visite de Jake Sullivan coïncide avec de profondes dissensions au sommet de l'État israélien. Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu, a menacé de démissionner si un "plan d'action" stratégique notamment pour l'après-guerre à Gaza n'était pas adopté d'ici trois semaines. Avant lui, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a sommé le Premier ministre de "préparer immédiatement" une "alternative gouvernementale au Hamas" à Gaza.
Benjamin Netanyahu, qui s'est refusé jusque-là à "toute discussion" sur l'avenir avant que le Hamas ne soit anéanti, a accusé Benny Gantz de vouloir "renverser le gouvernement". Samedi soir, de nombreux Israéliens ont à nouveau manifesté à Tel-Aviv contre Benjamin Netanyahu, réclamant le retour des otages. "Ramenez-les à la maison" pouvait-on lire sur des pancartes.
Rare aide humanitaire
Les négociations sur une trêve associée à une libération d'otages et à une augmentation des aides humanitaires à Gaza, sous l'égide de médiateurs internationaux, sont dans l'impasse. L'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt depuis que l'armée israélienne a pris et fermé le 7 mai le passage de Rafah à la frontière égyptienne, entrée cruciale pour ces aides dont le carburant indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire. Les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.
Malgré la mise en place d'une jetée temporaire par les Américains près de la plage de Gaza pour l'arrivée des aides, l'ONU et les organisations humanitaires répètent que seule l'ouverture des passages routiers peut garantir les nécessaires livraisons à grande échelle. Samedi, des Palestiniens se sont rués près de Nousseirat sur des camions transportant de l'aide transportée depuis la jetée américaine.