Jair Bolsonaro a pris mardi ses fonctions de président du Brésil, ouvrant une ère de rupture chargée de lourdes incertitudes avec le virage à l'extrême droite de la première puissance d'Amérique Latine. L'ex-capitaine de l'armée, 63 ans, est devenu le 38ème président du Brésil en signant un registre officiel dans la Chambre des Députés.
Une cérémonie boycottée par la gauche. Auparavant, il a prêté serment, s'engageant à "défendre et appliquer la Constitution" tout en oeuvrant pour "l'Union, l'intégrité et l'indépendance du Brésil". Le vice-président Hamilton Mourao, lui aussi investi mardi, a prêté le même serment. La cérémonie officielle au Parlement a été boycottée par la gauche, notamment le Parti des Travailleurs (PT) de l'ex-président Lula.
"Aujourd'hui est un jour où le peuple commence à se libérer du socialisme et du politiquement correct", a déclaré le nouveau président dans un discours ensuite prononcé devant la population. "Ceci est notre bannière", a-t-il dit en agitant un drapeau brésilien, et "elle ne sera jamais rouge", a-t-il ajouté. "Nous allons rétablir l'ordre dans ce pays".
Jair Bolsonaro a d'ailleurs confirmé dans ce premier discours sa volonté de mettre en oeuvre une politique ultra conservatrice, promettant de "respecter les religions et les traditions judéo-chrétiennes", tout en "luttant contre l'idéologie de genre". Il a également réitéré son intention de libéraliser le port d'armes. Le président américain Donald Trump l'a félicité "pour son grand discours d'investiture" dans un tweet.
Congratulations to President @JairBolsonaro who just made a great inauguration speech - the U.S.A. is with you!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 1 janvier 2019
Une élection source de divisions. Le capitaine de réserve devrait lancer au pas de course une série de réformes pour inaugurer son mandat de quatre ans à la tête de la première puissance d'Amérique latine. Premier chef d'Etat d'extrême droite jamais arrivé au pouvoir au Brésil par les urnes, Jair Bolsonaro a suscité énormément d'attentes avec ses promesses de redresser une économie atone et de mater la corruption et la violence qui désespèrent les 208 millions de Brésiliens.
Mais son arrivée à la tête du pays suscite de nombreuses inquiétudes, notamment en matière de respect des valeurs démocratiques, des minorités, des alliances avec les partenaires traditionnels du Brésil et de protection de l'environnement. Ses dérapages racistes, machistes ou homophobes comme ses éloges de la période noire de la dictature militaire (1964-1985) lui ont aliéné des millions de compatriotes.