Le Brexit est entré concrètement en application début 2021, après la signature, in extremis, d'accords à Bruxelles, avec de nombreux changements à la clé. Mais jusqu'à lundi, le trafic entre la Grande-Bretagne et le continent était plutôt fluide, même s’il faut dire que le Covid a considérablement ralenti les échanges.
Des difficultés dans les contrôles douaniers
Les Britanniques avaient également fait beaucoup de stocks en prévision d’un éventuel no deal. Ils vivent donc pour l’instant sur leurs réserves et les commandes sont moins nombreuses que d’habitude. Les formalités douanières ont aussi été informatisées, ce qui simplifie beaucoup les choses. Mais il y a quand même quelques difficultés dans les contrôles douaniers, notamment sur les produits frais ou phytosanitaires, qui peuvent retarder les transporteurs.
Autre exemple : les droits de douane. Stéphane Moisan est un chef d’entreprise français qui exporte des robinets vers la Grande Bretagne. Après les accords commerciaux, il pensait qu’il n’aurait pas de droits de douanes à payer. Mais quand il est allé vérifier sur internet, il a constaté que ses robinets étaient taxés à 2%. "On s’attendait à 0%, vu qu’il y a un deal. Il y a des conséquences qu’on essaie de clarifier. Ça prend un peu de temps d’obtenir des réponses. Dans tous les cas, on voit qu’il y a de légers trous dans la raquette sur les premiers jours", commente-t-il au micro d’Europe 1.
Les accords commerciaux ne suppriment pas les droits de douane
En effet, ces accords commerciaux ne suppriment pas les droits de douane. Ils permettent d’en être exonérés, mais à certaines conditions. Il faut pour cela qu'une partie des produits soit fabriquée au sein de l'Union européenne. Par exemple, pour qu’une montre puisse être détaxée, il faut qu’au moins 50% de ses pièces proviennent de l’UE, et c’est diffèrent pour chaque produit.
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Des rayons vides dans des magasins anglais
Cela coince également au niveau des exportations entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne. En France, des magasins Marks & Spencer, enseigne emblématique de la nourriture made in UK, peinent à être approvisionnés. "C'est vide, vide, vide ! On dirait la guerre !", constate Ettie, cliente d’une des boutiques parisiennes. Elle ressort du magasin quelques minutes à peine après y être entrée avec son sac de courses vide. Dans les rayons, aucun yaourt, pas de poisson, de fruit et pas non plus de salade.
Carmelle a du fait une croix sur ses produits anglais préférés, comme "la bonne crème fouettée, certaines épices, les plats indiens, le bon thé anglais", énumère-t-elle. En fait, ce sont surtout les produits frais qui manquent sur les étagères. Un panneau indique que la nouvelle législation sur l'exportation des marchandises perturbe l'approvisionnement, et cela inquiète les clients.
Aucune livraison depuis deux semaines
"Le caissier m’a dit qu’il ne savait pas quand cela allait revenir", "il fallait s’attendre à ça. S’il n’y a plus rien, ils vont bientôt être au chômage technique", "les acheminements se referont peut-être avec des prix un peu plus élevés", "ils ont voulu avoir le Brexit, ils l’ont maintenant. Ils vont commencer à en subir les conséquences et voir comment est la réalité des choses", pouvait-on entendre dans ce magasin. Un vendeur confie de son côté qu’aucune livraison n’a été effectuée depuis bientôt deux semaines et qu’un un retour à la normale n’est pas attendue avant le mois prochain.
En effet, avec ces accords très récents, il y a encore des problèmes administratifs à régler. Car le texte fait 1.246 pages, sans compter les centaines d’annexes ! Il faut donc un peu de temps pour digérer tout ça, sans parler des malentendus dans les interprétations et des litiges qui vont forcément intervenir à l'avenir, en particulier sur les questions autour de la pêche.