Ce n'était plus qu'une question de temps : un accord historique a été trouvé entre Londres et l'Union européenne, près d'un an après le Brexit. Londres et Bruxelles ont finalisé l'accord commercial post-Brexit qu'ils négociaient depuis dix mois. "Tout ce qui avait été promis aux Britanniques lors du référendum de 2016 et des législatives de l'année dernière est réalisé dans cet accord", estime une source gouvernementale britannique, tandis que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen salue un "bon accord, équilibré" et "juste" pour chaque partie.
Les principales informations à retenir
- Un accord a été trouvé entre Londres et l'Union européenne
- La Commission européenne salue un "bon accord"
- L'UE renonce à 25% de sa pêche dans les eaux britanniques
"The deal is done" : Boris Johnson exulte sur Twitter
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a confirmé la conclusion d'un accord, tweetant : "L'accord a été trouvé", accompagné d'une photo de lui exultant, bras écartés et pouces levés. Lors d'une conférence de presse, il a assuré que l'accord était "bon pour toute l'Europe", et a tenu à rassurer les Européens. "Nous serons vos amis, vos alliés et votre premier marché", a-t-il promis.
The deal is done. pic.twitter.com/zzhvxOSeWz
— Boris Johnson (@BorisJohnson) December 24, 2020
"Je le dis directement à nos amis et partenaires de l'UE : je pense que cet accord signifie une nouvelle stabilité et une nouvelle certitude dans ce qui était une relation parfois acrimonieuse et difficile", a déclaré Boris Johnson. "Même si nous avons quitté l'UE, ce pays reste culturellement, émotionnellement, historiquement, stratégiquement et géopolitiquement attaché à l'Europe", a-t-il poursuivi.
La ministre britannique au Commerce international, Liz Truss a quant à elle salué la nouvelle, sur Twitter. "Nous aurons une relation commerciale solide avec l'UE et approfondirons nos échanges avec nos partenaires dans le monde entier grâce à notre politique commerciale indépendante", a-t-elle écrit.
"Tout ce qui avait été promis aux Britanniques lors du référendum de 2016 et des législatives de l'année dernière est réalisé dans cet accord", glisse une source gouvernementale britannique. En cas de "no deal", le Royaume-Uni aurait perdu beaucoup plus que l'Europe : les Britanniques exportent 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche.
Les députés britanniques, actuellement en vacances, sont convoqués le 30 décembre, pour débattre de l'accord commercial. L'opposition britannique votera pour l'accord, a annoncé son chef Keir Starmer, pour qui cet accord n'est pas celui que Boris Johnson avait promis.
La Commission européenne vante un "bon accord"
L'accord est un "bon accord, équilibré" et "juste" pour chaque partie, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d'une conférence de presse. Le Royaume-Uni restera "un partenaire digne de confiance" de l'UE, a-telle assuré, ajoutant que l'accord "nous permettra de nous assurer que nous pouvons finalement laisser le Brexit derrière nous".
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel s'est dite "confiante" dans le fait que l'accord obtenu constituait "un bon résultat". "Avec cet accord, nous jetons les bases d'un nouveau chapitre dans nos relations. Le Royaume-Uni continuera d'être un partenaire important pour l'Allemagne et pour l'Union européenne en dehors de l'Union européenne", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Pour Emmanuel Macron, "l’unité et la fermeté européennes ont payé". "L’accord avec le Royaume-Uni est essentiel pour protéger nos citoyens, nos pêcheurs, nos producteurs. Nous nous assurerons que c’est bien le cas", a averti cependant le président français sur Twitter, ajoutant que "l’Europe avance et peut regarder vers l’avenir, unie, souveraine et forte".
L’unité et la fermeté européennes ont payé. L’accord avec le Royaume-Uni est essentiel pour protéger nos citoyens, nos pêcheurs, nos producteurs. Nous nous assurerons que c’est bien le cas. L’Europe avance et peut regarder vers l’avenir, unie, souveraine et forte.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 24, 2020
L'UE renonce à 25% de sa valeur de pêche dans les eaux britanniques...
Par cet accord, l'UE transférera au Royaume-Uni 25% de la valeur des produits pêchés dans les eaux britanniques par les flottes européennes, à l'issue d'une période de transition jusqu'en juin 2026, a indiqué jeudi un haut responsable européen. Le détail des espèces et zones concernées par ce pourcentage n'est pas encore déterminé, a ajouté ce responsable.
Après cette période de cinq ans et demi, cet accès sera renégocié annuellement. Par ailleurs, les pêcheurs de l'UE conserveront jusqu'en 2026 l'accès garanti aux zones situées dans les 6-12 milles marins au large des côtes britanniques (eaux territoriales) où ils se rendaient traditionnellement.
Malgré son faible poids économique, l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques a constitué l'ultime point d'achoppement des discussions, en raison de l'importance politique et sociale du secteur dans plusieurs Etats membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l'Irlande. Mais les Britanniques, qui reprennent le contrôle de leurs eaux, en avaient fait le symbole de leur souveraineté retrouvée.
... Mais sera "aux côtés des pêcheurs européens"
Lors d'une conférence de presse suivant l'annonce de l'accord, le négociateur européen Michel Barnier a assuré que Bruxelles "sera aux côtés" des pêcheurs des Etats membres affectés par cette nouvelle répartition des quotas et zones de pêche entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
L'accord assure "une base d'accès réciproque aux eaux et ressources, avec une nouvelle répartition des quotas et opportunités de pêche (...) Cet accord demandera des efforts, je le sais, mais l'UE sera présente aux côtés des pêcheurs européens pour les accompagner, c'est notre engagement", a-t-il promis.
Interrogé par Europe 1, Stéphane Pinto, vice-président du comité régional de pêche maritime des Hauts-de-France, se dit "satisfait" de cet accord. "Cette diminution des 25% n'est pas vraiment un gros soucis pour les pécheurs", estime-t-il. "Cela aurait été un effondrement de la profession si on avait eu un 'no deal' et que le 1er janvier, on nous interdisait d'aller pêcher dans les eaux anglaises." "On s'aura s'adapter", assure-t-il.
Pour sa Première ministre, il est temps pour l'Ecosse de devenir une "nation européenne indépendante"
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon (indépendantiste) a estimé jeudi qu'il était temps pour la province britannique de devenir une "nation européenne indépendante".
"Le Brexit arrive contre la volonté du peuple d’Ecosse", qui a voté à 62% contre la sortie de l'UE, a tweeté Nicola Sturgeon, soulignant qu'"aucun accord ne pourra jamais compenser ce que le Brexit nous enlève". "Il est temps de tracer notre propre avenir en tant que nation européenne indépendante", a-t-elle affirmé, alors que Londres refuse à l'Ecosse un nouveau référendum sur l'indépendance.
Quel calendrier pour la suite ?
Désormais, puisque l'accord a été officiellement annoncé par Londres et Bruxelles, il faut qu'il soit validé par les 27 pays de l'Union européenne. Leurs représentants doivent en théorie se réunir dès jeudi, mais les capitales auront besoin de quelques jours pour étudier de façon approfondie les 2.000 pages du futur traité. Une seconde réunion décisive est prévue pour dimanche. L'accord pourrait être signé lundi entre Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le Parlement européen doit ensuite ratifier ce texte. S'il a salué l'accord, son président David Sassoli a avertit que le Parlement "poursuivra ses travaux (...) avant de décider de donner ou non son approbation l'an prochain". Le Parlement "regrette que la durée des négociations et le caractère in extremis de l'accord ne permettent pas un véritable contrôle parlementaire avant la fin de l'année (...). Le Parlement poursuivra ses travaux au sein des commissions compétentes et en session plénière" avant une décision début 2021, a-t-il souligné. Le feu vert des eurodéputés est indispensable pour l'entrée en vigueur officielle de l'accord qui sera cependant appliqué de manière provisoire pour éviter un "no deal".