Boris Johnson s'apprête à vivre, jeudi, son premier jour de Premier ministre britannique. Avec un seul objectif en tête : mettre en oeuvre le Brexit, voté il y a désormais plus de trois ans par les citoyens du Royaume-Uni. L'ex-maire de Londres l'a promis : la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne se fera le 31 octobre 2019 au plus tard, quoi qu'il en coûte. Même si aucun accord n'est trouvé avec les 27.
Renégocier le "backstop"
Pour Jeremy Stubbs, président de la section parisienne du parti conservateur britannique, interrogé sur Europe 1 jeudi matin, c'est là que se situe "la vraie différence avec [Theresa] May", qui a précédé Boris Johnson à Downing Street. "Lui semble déterminé à trouver des solutions brutales". Preuve de cette inflexibilité : "BoJo" n'a reconduit quasiment aucun ministre du gouvernement May. Même si, assure Jeremy Stubbs, "sa priorité reste de sortir avec un accord, et pas sans".
Mais quel accord ? "Sa stratégie - on ne sait pas si cela marchera -, c'est de renégocier le 'backstop'", rappelle Jeremy Stubbs. Ce "backstop", ou "filet de sécurité", est "un mécanisme pour protéger le marché unique européen". Il stipule que "le Royaume-Uni reste dans une union douanière avec l'Union européenne jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée au problème de la frontière irlandaise". Ce qui équivaut, pour les chantres du Brexit en général et Boris Johnson en particulier, à obliger le pays à subir l'Union européenne encore longtemps, alors qu'il n'aura plus aucun pouvoir décisionnaire.
Des relations délicates avec l'Union européenne
Reste à savoir si ce "backstop" peut être renégocié. Cela semble difficile, l'Union européenne ayant déjà prévenu maintes fois, tant par la voix de sa Commission que celles de différents dirigeants d'États membres, qu'il n'était pas question de se relancer dans des discussions interminables. "La réponse à tout cela se trouve à Bruxelles et dans les rapports que Boris Johnson peut établir, par exemple, avec la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen", explique Jeremy Stubbs. Rapports qui risquent d'être tendus si le nouveau Premier ministre persiste à marteler qu'il ne paiera pas la facture du Brexit. "C'est délicat comme menace. Ce moyen de pression ne créerait pas une atmosphère de coopération."
Pour Boris Johnson, l'enjeu est énorme, rappelle Jeremy Stubbs. "Il est pris en étau. Si jamais le Royaume-Uni ne sort pas le 31 octobre, il risque d'être discrédité."