"On n'a pas voté pour un gouvernement conservateur depuis 60 ans. Et pourtant, c'est eux qui nous dirigent depuis Westminster." Steven, banquier écossais, ne cache pas sa colère au micro d'Europe 1 après les élections législatives organisées au Royaume-Uni jeudi dernier. La large majorité remportée par le parti conservateur de Boris Johnson, pro-Brexit, ne lui convient pas. Il est allé le dire en manifestant à Glasgow dès le lendemain. "Boris Johnson méprise les Écossais. Économiquement, un rapport dit que le Brexit ferait perdre 100.000 emplois à l'Écosse." Et Steven de conclure : "La seule chose qu'on ait à faire, c'est de partir."
L'Écosse pourrait-elle faire sécession ? En 2014, un référendum avait été organisé pour poser la question à ses citoyens. Le "non" l'avait emporté à 55%. Mais depuis, la donne a changé. "L'une des choses qui étaient dites aux gens à l'époque, c'est que rester dans le Royaume-Uni allait protéger notre place dans l'Union européenne. C'est plutôt ironique quand on voit que deux ans plus tard, on en est sortis contre notre volonté", explique Carol Monaghan, députée du SNP, le parti nationaliste.
L'indépendance divise encore
En 2016, les Écossais ont voté à plus de 60% contre le Brexit. L'option d'une sortie du Royaume-Uni pour éviter de sortir de l'Union européenne a fait son chemin depuis. La victoire de Boris Johnson jeudi rend de plus en plus probable le vote d'un accord sur le Brexit, toujours rejeté jusqu'ici. La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, va donc demander officiellement à Londres de lui transférer les pouvoirs permettant l'organisation d'un nouveau référendum sur l'indépendance. "Vous ne pouvez pas tenir l'Écosse enfermée dans le Royaume-Uni contre sa volonté", a-t-elle lancé à la télévision à l'adresse de Boris Johnson.
Mais le sujet est loin de faire l'unanimité. Dès que l'on sort un peu de Glasgow vers la banlieue déshéritée de Drumchapell, l'indépendance est redoutée, notamment par les plus âgés. "On reçoit tellement d'argent du gouvernement de Londres que je pense que l'Écosse n'y survivrait pas", estime une passante. "Le premier référendum devait être valide dix ans, cela ne fait que quatre", rappelle une autre retraitée. "Même si je pense que Boris Johnson est un idiot, j'espère qu'il bloquera cette nouvelle tentative."