"En l'état actuel des choses, l'offre de l'UE reste inacceptable. Tout accord doit être équitable et respecter la position fondamentale selon laquelle le Royaume-Uni sera une nation souveraine dans trois semaines", mais les discussions se poursuivent ce dimanche à Bruxelles pour trouver un compromis en vue du Brexit, a indiqué samedi soir une source gouvernementale britannique. Le Premier ministre britannique Boris Johnson est "absolument clair, un accord doit être juste et respecter la position qui est que le Royaume-Uni sera un pays souverain dans trois semaines", a-t-elle ajouté. Les négociations entre les équipes de négociation, en présence du négociateur européen Michel Barnier et de son homologue britannique David Frost, se seraient poursuivies dans la nuit et devraient vraisemblablement continuer dimanche.
Regain de tension
Signe d'un regain de tension entre les deux partenaires, Londres a fait savoir que des navires de la Royal Navy se tenaient prêts à protéger les zones de pêche britanniques où pourraient survenir des tensions en cas d'échec des négociations. Si aucun compromis n'est trouvé sur le Brexit, le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier 2020 mais continue de respecter les règles européennes pendant une période de transition qui s'achève le 31 décembre, reprendra le contrôle total de ses eaux le 1er janvier prochain.
Quatre navires de 80 mètres de long se tiennent prêts à empêcher des chalutiers de l'UE de pénétrer dans les eaux britanniques s'il n'y a pas de nouvel accord sur les droits de pêche, l'un des points de blocage des négociations commerciales.
"Guerres de la morue"
Le ministère de la Défense britannique a confirmé que des navires étaient en attente, expliquant avoir "mené une planification intensive et des préparatifs pour s'assurer que la Défense soit prête à divers scénarios à la fin de la période de transition", selon un porte-parole du ministère.
Ce déploiement évoque le mauvais souvenir des "guerres de la morue" avec l'Islande sur les droits de pêche dans l'Atlantique Nord, qui ont duré près de 20 ans, avant de finalement trouver un règlement dans les années 70.
Les préparatifs en cas de "no deal" se sont accélérés ces derniers jours des deux côtés de la Manche, le Premier ministre britannique Boris Johnson comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se montrant pessimistes quant à l'issue des pourparlers.
Les pourparlers bloquent sur trois sujets: la pêche, le règlement des différends dans le futur accord et les garanties exigées de Londres par l'Union européenne en matière de concurrence. Dans le cas d'un "no deal", les échanges de part et d'autre de la Manche risquent de se faire selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane et de quotas.
La pêche a constitué l'un des sujets de crispation des négociations commerciales. Malgré son poids économique négligeable, le sujet est crucial pour plusieurs Etats membres (France, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Irlande), dont les pêcheurs veulent garder un accès aux eaux britanniques, très poissonneuses.
"Nationaliste anglais"
L'amiral à la retraite Alan West, ancien chef d'état-major naval, a jugé judicieux de se préparer à d'éventuelles tensions dans les eaux britanniques. "Il est tout à fait approprié que la Royal Navy protège nos eaux si la position est que nous sommes un État souverain et que le gouvernement ne veut pas voir là-bas des bateaux de pêche d'un autre pays", a-t-il déclaré à la BBC. Interrogé par le même média, l'ancien commissaire européen et ancien ministre Chris Patten, a de son côté accusé Boris Johnson de se comporter en "nationaliste anglais".
Le député conservateur Tobias Ellwood, président du comité parlementaire sur la Défense, a redouté que l'image du Royaume-Uni soit écornée. "Nous nous retrouvons face à la perspective de voir notre Royal Navy déjà débordée se confronter à un proche allié de l'OTAN sur les droits de pêche", a-t-il déploré sur la BBC. "Nous devons construire des alliances et non les briser", a-t-il plaidé.
Humza Yousaf, ministre écossais de la Justice et membre du Scottish National Party, formation pro-UE, a déclaré que "la +diplomatie de la canonnière+ ne sera pas la bienvenue dans les eaux écossaises". Le ministère de la Défense a affirmé disposer de 14.000 militaires prêts à être déployés pour aider à la transition post-Brexit. Selon des médias britanniques, des hélicoptères de l'armée pourraient aussi être mobilisés pour surveiller les côtes.